Les Chroniques de l'Imaginaire

La malédiction (Roma - 1) - Boisserie, Pierre & Adam, Éric & Convard, Didier & Chaillet, Gilles & Penet, Régis

Nous sommes en 1250 avant J.-C. La ville de Troie est entourée par l'armée grecque d'Agamemnon, pour un siège qui est parti pour durer. Cela ne semble d'ailleurs pas inquiéter les deux principaux guerriers de la ville, à savoir Aquilon et Léonidas, qui se lancent un pari bien singulier : à deux et en plein jour, ils vont parvenir à subtiliser le drapeau qui trône devant la tente du plus grand guerrier adverse, à savoir un certain Achille...

Alors, encore une fois, Aquilon et Léonidas sont acclamés par les Troyens. Et encore une fois, ils vont refuser les jolies Troyennes qui leur sont apportées pour les remercier, et ce au nom d'une chose terrible qu'ils ont fait par le passé, et qui reste secrète pour l'instant. Pour autant, quelques jours plus tard, ce sont deux jolies jeunes femmes qui viennent demander à parler à Aquilon et à Léonidas, devant les lourdes portes de Troie. Thaïs et Athanea sont jeunes et splendides, et elles savent où se trouve le palladium, une statue magique et étrange, qui est censé protéger la cité qui la gardera...

Ainsi, et malgré les protestations de la vieille voyante Cassandre, Aquilon et Léonidas vont parvenir à amener l'idole à Troie. Une idole aux yeux masqués, que seules des vierges peuvent manipuler. Cela ne sera bientôt d'ailleurs plus le cas de Thaïs et Athanea, qui vont prendre pour époux respectivement Léonidas et Aquilon. Quelques années vont passer, avant que les deux couples aient des enfants...

On pourrait alors penser que tout va bien, mais il n'en est rien : la population trouve étrange que les deux femmes aient gardé toute leur beauté et leur jeunesse, tandis qu'Aquilon et Léonidas semblent vraiment bien plus vieux. Autre chose : Aquilon et Léonidas sont vraiment inquiets. Ils ne touchent quasiment plus leurs femmes, ces dernières étant toujours vierges à chaque nouveau rapport. Un prodige qui est de bien mauvais augure pour l'avenir de Troie... Et si la vieille Cassandre avait raison, à l'époque ?

La malédiction est le premier tome de Roma, une série qui comportera treize volumes, tous dessinés par des auteurs différents. C'est le regretté Gilles Chaillet qui a imaginé ce concept, dans l'idée de faire le lien entre Troie et Rome, la ville aux sept collines. C'est ici Eric Adam, Pierre Boisserie et Didier Convard qui, à trois, parviennent à imaginer une histoire très attachante et intéressante, tandis que Régis Penet assure les dessins d'une grande finesse et Nicolas Bastide s'occupe des couleurs.
Ces dernières, réussies et suffisamment discrètes, mettent vraiment en valeur les traits franchement raffinés de Régis Penet. Le dessinateur de Lorenzaccio, Les nuits écorchées, ou du récent Koba a encore l'occasion ici de faire montre de son talent, avec notamment de superbes silhouettes et visages féminins. Les expressions sont une fois encore à l'avenant, avec des personnages crédibles, mis en valeur par des plans serrés aux moments opportuns.

Du côté du scénario, et cela ne pouvait en être autrement avec ce casting, il faut bien reconnaître que tout se tient : entre Troie, la rentrée du cheval dans la ville, l'histoire de la louve et de Romulus et Rémus, tout y est raconté de manière fluide et aisée, et le lecteur se régalera forcément d'une telle lisibilité, et ce qu'il soit réellement fan d'Histoire ou pas.

Un premier tome plus que convaincant, aussi bien sur le fond que dans la forme : les dessins de Régis Penet sont vraiment fins et soignés, et cela ne peut qu'augurer du démarrage d'une excellente série : vivement le tome suivant, après tout !