Les Chroniques de l'Imaginaire

L'océan au bout du chemin - Gaiman, Neil

Revenant sur les lieux de son enfance à l'occasion d'un décès, un homme d'une cinquantaine d'années part faire un petit tour en solitaire. Remontant la route menant à son ancienne maison, il se retrouve sans l'avoir vraiment décidé "au bout du chemin" : la ferme des Hempstock. Il se rappelle vaguement avoir été ami avec la fillette qui habitait là, Lettie, avant que celle-ci ne parte définitivement à l'étranger. Assis au bord de la petite mare qui se trouve à proximité, et dont son amie affirmait qu'il s'agissait d'un Océan, ses souvenirs lui reviennent peu à peu.

Âgé de sept ans, il a en effet vécu une expérience fantastique parfaitement improbable en compagnie de Lettie, de quelques années plus âgée que lui. Lettie n'était pas une enfant ordinaire : de même que sa mère et sa grand-mère, les seules autres habitantes de leur ferme, elle disposait de pouvoirs spéciaux. La ferme était là depuis toujours ; les trois femmes aussi... Le jeune garçon fût entraîné par hasard dans des événements si terribles (impliquant notamment un monstre venu d'ailleurs) qu'il faillit y laisser la vie.

Dans ce court roman, on retrouve des thèmes chers à Neil Gaiman : l'enfance, les peurs, les univers différents et leurs créatures, bref une certaine ambiance que l'on retrouvait déjà dans de précédents ouvrages. Pour autant, on n'a aucune sensation de déjà lu avec ce conte moderne très prenant.
Le récit est fait à la première personne par l'ami de Lettie. Ce narrateur anonyme (ou alors j'ai raté l'endroit où on le nommait ?) est adulte, mais nous présente les choses telles qu'il les a vécues et ressenties enfant, avec sa vision innocente et naïve d'alors. C'est un personnage bien travaillé, qui est sympathique et touchant dans ses malheurs.

L'histoire en elle-même ne surprend guère le lecteur, le menant très naturellement à travers les enchaînements successifs de situations de plus en plus angoissantes. Malgré ce, on reste pris par le récit jusqu'à la fin.
Pour ma part, j'ai particulièrement aimé comment la fin nous ramène au début, expliquant comment des événements aussi traumatisants ont pu être ainsi oubliés...

Ce livre très bien écrit et plein d'émotion peut être lu par des enfants à partir d'une dizaine d'années, qui prendront plaisir à s'identifier au jeune héros, mais saura plaire également aux adultes qui en apprécieront la profondeur.