Les Chroniques de l'Imaginaire

Cours sans te retourner - Orlev, Uri

Nous sommes en 1941, au cœur du ghetto juif de Varsovie, en Pologne. C'est là que vit Srulik avec toute sa famille. Un jour, après que son frère David ait parlé à ses parents d'un passage permettant de quitter le ghetto, ces derniers décident de fuir et de retourner dans leur village d'origine, Blonie. Seul Srulik, le cadet, les accompagnera dans un premier temps, le reste de la fratrie devant les rejoindre plus tard. Malheureusement, ils ont à peine quitté la ville que les Allemands les rattrapent. Le père parvint à s'enfuir mais Srulik et sa mère sont reconduits au ghetto.

Plus tard, alors qu'il fouille les poubelles en compagnie de sa mère à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent, celle-ci disparaît. Srulik, âgé de huit ans, se retrouve seul, perdu, ne sachant pas où il habite. Il rejoint une bande de gosses des rues, survivant de vols et de mendicité. Jour après jour, ils tentent d'aider le garçonnet à retrouver sa famille et ils y seraient peut-être parvenus sans l'apparition de ce mot terrible : "rafle". La bande décide alors de quitter le ghetto. Srulik y parvint, seul. Commence alors pour lui une longue fuite loin de la folie des hommes.

Cet ouvrage s'appuie sur le témoignage de Yoram Frydman qui se retrouva livré à lui-même dans la Pologne occupée à l'âge de huit ans. C'est donc une histoire vraie qui se dévoile sous nos yeux, celle d'un petit garçon juif qui se retrouva seul, forcé de survivre comme il le pouvait. C'est impressionnant de voir le courage dont il a fait preuve. Même dans les pires moments, jamais il ne baissera les bras, gardant toujours l'espoir. Il fera de belles rencontres et aussi de moins heureuses. Mais le plus important : il survivra et témoignera.

Si je devais apporter un bémol, ce serait sur le mode narratif utilisé : l'emploi d'un narrateur externe, bien que non omniscient, apporte une distance, une froideur parfois au texte. Je m'attendais à un récit à la première personne, plus touchant.

Néanmoins, Cours sans te retourner est un témoignage fort, indispensable pour se souvenir et ne pas oublier les horreurs du passé tout en espérant qu’elles ne se reproduisent jamais. A mettre entre les mains de tout lecteur à partir de douze ans.