Nous sommes en 1781, à Yorktown. Le capitaine Ulysse McHendricks occupe son temps en se battant, dans des combats ouverts aux paris. Il a pu sortir victorieux d'une grande bataille, une de celles qui a permis à la guerre d'indépendance américaine de se terminer. Aujourd'hui, c'est une autre quête qui va permettre à Ulysse McHendricks de s'illustrer. Son fils vient d'arriver, non pour se battre, mais pour faire le récit de ce qui se passe à New Itakee, la ville d'origine d'Ulysse, qui est aux mains des Anglais.
Ces derniers sont arrivés en ville, ont parlé à la femme d'Ulysse, qui fait figure d'autorité durant l'absence de son mari à New Itakee. Les Anglais ont été attaqués dans les bois environnants et ils ont pendu, en représailles, cinq personnes au hasard à New Itakee. Un récit insoutenable pour Ulysse, qui souhaite remettre en place un équipage sur l'Achéron, un vaisseau particulier, car il s'agit d'un bateau doté de roues, capable par ce moyen de traverser les plaines, simplement tiré par des chevaux.
Le voyage va être long, d'autant qu'il se fera surtout sur les plaines. Le chemin sera chargé d'embûches, entre les Indiens, un monstre redoutable présenté comme un étrange manitou, et une étrange famille qui souhaite absolument faire fortune dans le commerce du caoutchouc, et ce sur les terres des Indiens. De quoi permettre à Ulysse McHendricks de se rapprocher de son fils, lui qui n'a pas donné, ni pris, beaucoup de nouvelles de sa famille durant la guerre.
Xavier Dorison fait cette fois équipe avec Eric Hérenguel (dessinateur de Krän, Lune d'argent sur Providence ou encore Nuit Safran dans l'univers de Lanfeust de Troy) pour nous donner une vision très personnelle de l'Odyssée. Ici, on retrouve un héros au caractère bien trempé, qui ne semble prendre du plaisir que dans la guerre et l'action, délaissant en cela ses proches. Un héros qui a donc une bonne dose de côtés sombres, qui permettent ainsi de dégager une certaine épaisseur au personnage.
Les dessins de Eric Hérenguel sont également détaillés, vraiment travaillés. Les expressions, les décors, les cadrages : tout cela est parfaitement convaincant, sans pour autant atteindre la qualité de ce que peut faire un dessinateur comme Mathieu Lauffray sur Long John Silver.
Au niveau du récit, il va falloir accrocher : se déplacer en bateau à travers des plaines aura vraiment de quoi faire se poser des questions... La rencontre avec un être surdimensionné sera l'occasion d'assister à de jolies scènes d'actions, parfaitement mises en mouvements, mais l'ensemble ne parviendra pas à dégager une ambiance digne d'autres séries de Xavier Dorison, la faute sans doute à un manque d'originalité... On est loin du plaisir de lecture procuré par Le Troisième Testament, Sanctuaire ou encore Le complexe du chimpanzé.
Un premier tome très réussi sur la forme, mais qui souffre d'un cruel manque d'originalité et surtout de crédibilité. Je n'en attends pas moins la lecture du futur Undertaker...
