Les Chroniques de l'Imaginaire

Azadi - Pakravan, Saïdeh

En 2009, les élections pour élire le dirigeant de l'Iran ont été truquées. C'est en effet le dirigeant sortant qui est encore élu, alors que le peuple sait qu'il n'a pas voté pour lui.
Les Iraniens sont donc très en colère et descendent dans la rue pour manifester leur mécontentement. Mais, même si le gouvernement a voulu donner l'illusion d'une démocratie en autorisant son peuple à voter, il n'est pas prêt à l'écouter.

Les manifestations vont donc connaitre une répression violente.
Les jeunes, dont fait partie Raha, le personnage central de ce roman, vont braver la police et le gouvernement islamique pour tenter de se faire entendre. Mais dans un pays écrasé par un gouvernement islamique, cela ne va pas se passer sans heurt.
Une première fois, Raha est retrouvée inconsciente dans la rue, lors d'une manifestation d'étudiants, par Hossein, un garde. Il ne la connait pas mais la met à l'abri.
Lors de sa seconde arrestation, elle va se retrouver en prison, et là, va connaitre le pire.
Elle en ressortira brisée.
Ce roman est raconté par plusieurs voix : Raha, Hossein, Kian le fiancé de Raha, Nasrine sa mère, et d'autres personnages secondaires, gravitant autour de Raha.
C'est très agréable à lire, même lors des passages les plus difficiles à supporter, car très bien écrit, sans mièvrerie, sans réflexion philosophique lassante, sans débordement.

Découvrir le quotidien des Iraniens est édifiant car il est remarquablement bien transcrit. On croise par exemple la police vestimentaire qui surveille de près et avec véhémence les tenues des jeunes gens.
On découvre la mentalité des Iraniens, assez particulière, surtout à travers la voix de l'oncle de Raha, qui, lui, est bien conscient de leur fatuité et de leur bêtise.
Tous les personnages sont remarquables, attachants pour certains, irritants pour d'autres, mais toujours bien dessinés.
Le fanatisme religieux est également très bien décrit, sans en faire trop.
L'ensemble est particulièrement bien écrit et se lit avec un plaisir mêlé d'incrédulité et de sentiment d'horreur.

Azadi signifie "Liberté" et est aussi le nom du monument symbolisé sur la magnifique couverture de cet ouvrage.
A recommander !