Mortador portait une tache de naissance en forme d'étoile rouge sur l'épaule : la marque des Élus des Dieux, destinés à apprendre aux hommes à vivre dans l'harmonie. Mais le dessin était déformé, et Mortador révéla rapidement qu'il n'avait pas les qualités de cur attendues des Élus. Cruel, avide de pouvoir, il devint un tyran craint sur un large territoire.
Baïa, pour sa part, avait tout d'un être exceptionnellement bon. Mais après avoir été violée par Mortador qui lui enleva son enfant, elle fût chassée des rangs des Élus et dut se débrouiller par elle-même, avec toujours la douleur d'avoir perdu son fils. Un fils qui pendant ce temps grandissait pour devenir un beau et courageux jeune homme, Kaouk, prêt à tout pour mettre fin au règne du diabolique Mortador !
Ce roman au titre intriguant nous entraîne dans un monde pseudo-médiéval typique des romans d'heroic-fantasy, où les Dieux peuvent intervenir dans la vie des hommes, où les sortilèges agissent pour de bon, où les dragons terrorisent les paysans. Pourtant, j'ai eu du mal à classer ce livre, qui fait intervenir des éléments très disparates : outre la fantasy, c'est un mélange de science-fiction (un petit couplet écolo au détour d'un chapitre nous révèle qu'il s'agit en fait d'une Terre post-apocalyptique) et de fantastique (on y trouve des anges, des zombies...). Un mélange de genres, quoi !
C'est un univers très sombre, et l'auteure n'hésite pas à nous en révéler les détails les plus noirs. Elle a visiblement mis beaucoup de cur à créer son décor, décrivant abondamment le passé des personnages ou d'autres éléments de son monde. Mais en même temps, je suis parfois restée sur ma faim, peinant à répondre à certaines questions : par exemple, si le fonctionnement de la Forteresse où sont élevés les Élus est abondamment décrit, ceux-ci semblent quasiment absents du monde réel ; en tout cas, ils ne se pressent pas d'aller voir du côté des tyrans en puissance... Servent-ils réellement à quelque chose, en fait ?
L'intrigue est étoffée malgré la faible taille de l'ouvrage, avec de l'action et de nombreux rebondissements, et même une fin ouverte qui laisse vagabonder l'imagination du lecteur. Le lecteur n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer.
Pour autant, l'ensemble me laisse un sentiment de "trop" : les personnages sont trop manichéens (des méchants très méchants, des gentils vraiment très gentils), les situations font trop souvent intervenir la chance (genre : la corde obligeamment oubliée au pied d'une muraille à franchir), sans parler du combat final qui enchaîne sortilèges sur sortilèges d'une façon digne des meilleurs mangas shônen de combats.
Le style est plutôt agréable. Les dialogues manquent pour nous rapprocher vraiment des personnages, et quelques transitions temporelles sont maladroites, mais la lecture est globalement fluide et facile. Ce n'est pas le roman de l'année, mais ça permet de passer un bon moment.
Pour finir, je voudrais faire une petite remarque sur l'édition numérique de cet ouvrage : une fois téléchargé sur ma liseuse, j'ai eu la mauvaise surprise de découvrir dans ma bibliothèque virtuelle une image de couverture blanche. Une page de titre est présente dans le livre, mais son format n'a pas permis à ma liseuse (qui vient de chez Bookeen, l'un des quatre fabricants principaux du marché français) de l'exploiter pour me proposer une couverture. J'ai du passer par un nouvel enregistrement du livre via le logiciel Calibre pour disposer d'une couverture dans ma liseuse. C'est certes un détail, mais c'est dommage que cette fausse note gâche la première impression du lecteur !