Cette fois ci, c'est officiel. Wolfgang est mort, Jake est le dernier loup-garou vivant. La chasse les aura tous décimés, tellement efficace qu'elle en arrive même, par un navrant excès de zèle, à se priver de travail. Ellis s'est chargé du Berlinois, mais pour Jake Marlowe, ce sera différent. Pour lui, c'est Grainer en personne qui se déplacera, sa vieille rancur au fond des tripes. Ce sera son ultime traque, son plus beau cadeau d'anniversaire. Mais il y a bien longtemps que le garou a perdu son envie de vivre. Au fond, c'est peut être mieux ainsi. Il suffit d'attendre, l'OMPPO lui tranchera la tête, et tout sera fini. Après presque deux cent ans, il est largement temps. Mais curieusement, le monde entier semble s'être ligué contre son absence d'instinct de survie.
Enfin !
J'avoue avoir cru dans un premier temps que je n'en viendrais pas à bout. Les quelques cent cinquante premières pages (soit quasiment toute la première partie du livre) sont frustrantes au possible. Pas que l'action ait totalement déserté ces pages, mais on ressent bien une mise en route difficile, ponctuée des souvenirs du garou. Ces flash-back constituent d'ailleurs, à mon sens, le principal intérêt de cette partie. Le reste du temps, l'envie prédominante est de secouer ce bon à rien de loup-garou qui ne semble rien savoir faire d'autre que de se plaindre et de larmoyer sur une vie qu'il se reproche d'avoir vécue. Il est vaincu, placide, ne comprend pas que l'on cherche à le sauver, ne le souhaite pas non plus d'ailleurs. Le plus frustrant est que tout le potentiel de l'historie apparaît immédiatement. C'est original, les liens qui ne se dénouent qu'après la première moitié du livre sont ébauchés quasi immédiatement et nous donnent envie d'en savoir plus. Mais comment en savoir plus avec un héros qui ne veut pas savoir ?
C'est d'autant plus dommage qu'une fois l'action lancée et le rythme pris, la lecture est vraiment, vraiment très sympa et beaucoup plus rapide. Volontairement, Jake Marlowe ne peut pas inspirer de la pure sympathie. Excellente image de l'antihéros, il n'en reste pas moins attachant. J'ai aimé cette espère de froide réalité qui entoure l'ouvrage (ce qui, dans une uvre fantastique, est tout de même un tour de force).
La trame est parfaitement tissée et les rebondissements sont nombreux. Le style colle à la peau du personnage principal. Parfois un peu décousu, parfois d'une fluidité surprenante, mais toujours un peu atypique.
J'attends avec impatience le tome suivant, en espérant très très très très fort que le rythme reste tendu, et que l'histoire reparte sur les mêmes bases qu'elle se termine ici.