Les Chroniques de l'Imaginaire

Carmilla - Le Fanu, Sheridan

Dans un petit village d'Autriche vivent un gentilhomme anglais et sa fille, Laura. Un jour, une calèche est victime d'un accident sur la route devant leur propriété, juste sous leurs yeux. Les occupants en sortent, sonnés. Parmi eux, il y a une femme et une jeune fille. La femme prétend être la mère de la jeune fille et prétexte un voyage important à effectuer pour laisser sa progéniture aux bons soins de Laura et de son père.

La jeune fille se nomme Carmilla. Elle a l'âge de Laura, une beauté sombre, un caractère changeant et se dit affectée d'une maladie provoquant crises de somnambulisme et fatigues passagères. Elle demande donc à être enfermée dans sa chambre la nuit et à ce que personne ne cherche à la voir. Bientôt, une amitié très forte se tisse entre Carmilla et Laura. Carmilla entoure Laura d'une sollicitude pressante, la couvre d'attentions et d'affection. Troublée et charmée, Laura sombre peu à peu dans l'apathie tandis que Carmilla devient de plus en plus resplendissante de santé.

Ce roman vampirique, paru quelque vingt-cinq ans avant le Dracula de Bram Stoker, exerce une fascination morbide sur le lecteur moderne. Habitués que nous sommes aux histoires de vampire, on devine immédiatement quelle est la nature de la mystérieuse Carmilla et on tremble devant le danger au devant duquel la naïve Laura fonce tête baissée. L'ambiance dépeinte par Sheridan Le Fanu est un écrin parfait pour cette histoire horrifique. Forêt sombre, châteaux labyrinthiques en ruine, orages, brume... tout est là pour suggérer et souligner le danger et le mystère.

Isabella Mazzanti a fait des merveilles pour illustrer ce texte. Ses illustrations ressemblent à des gravures. Le noir, le gris, le blanc et le rouge viennent révéler toute la sensualité et le côté inquiétant de la relation entre Carmilla et Laura. Des volutes de sang et autres petits détails se glissent entre les pages, suscitant l'effroi du lecteur.

Ce texte, bien moins connu que le célèbre roman de Bram Stoker, mérite vraiment d'être découvert. L'éclairage que lui apporte Isabella Mazzanti le met en valeur en accentuant son côté sombre et sensuel. Un grand coup de cœur !