Dans le monde de Sulfur, personne n'a oublié la Grande Nuit de Cristal au cours de laquelle Zorya la Noire a pris la place du Néant. Depuis, elle a persécuté sans relâche tous ceux qui n'étaient pas des Anthonomes ; les Elementaires ont disparu ou ont perdu leurs pouvoirs, les Holguins ont été réduits en esclavage... seule une poignée de rebelles, menée par de vieux maîtres des sens, lutte encore contre le tyran.
Pourtant, voilà Zorya jugée et condamnée pour ses crimes. Elle sera emprisonnée dans l'île de Laïshi, un endroit dont on ne revient jamais. A moins que son amant Kolob, assisté de la vieille l'Aneith, ne parvienne à la délivrer...
Dix ans après la fin de la parution de la série culte d'heroic-fantasy L'épée de cristal, scénarisée par Jacky Goupil et dessinée par Crisse, une première tentative de suite sous la plume d'autres auteurs avait vu le jour. Tentative avortée, puisqu'un seul tome de ce "second cycle" était paru (La cité des vents, en 2004). Il aura fallu attendre encore dix ans pour découvrir ce nouveau spin-off, Zorya la Noire, dont on peut cette fois espérer qu'il ira à terme puisque la parution des deux autres tomes de la trilogie est déjà programmée chez Vents d'Ouest.
Du côté du scénario de Sylvia Douyé, on est loin ici de la série originale, qui voyait une quête classique du bien contre le mal basculer peu à peu pour un final fracassant. Ici, ça part dans tous les sens : on suit en parallèle les aventures de Zorya et de ceux qui sont avec elle sur l'île de Laïshi, celles de ses troupes abandonnées (dont fait partie son catastrophique frère Argas) dépitées par le réveil des pouvoirs anciens, celles des rebelles qui sont bien décidés à profiter de l'occasion, le tout agrémenté de nombreux flash-back pour nous raconter ce qui s'est passé depuis la Grande Nuit de Cristal. C'est riche, trop riche en fait car on ne voit pas vraiment où on va dans ce fouillis sanglant. Pour ma part, je repas avec maintes interrogations, pour lesquelles j'espère obtenir des réponses dans les deux volumes suivants.
Les personnages que l'on connaissait et qui étaient encore en vie à la fin de la série principale apparaissent à nouveau ici (L'Aneith, qui était mourante deux cent ans plus tôt, a visiblement bien tenu le coup !), tandis que de nouveaux font leur apparition. De quoi s'embrouiller encore un peu dans ce scénario décidément trop touffu.
Les dessins de Fabio Lai permettent de reconnaitre au premier regard les personnages et éléments familiers. Cependant, la patte est clairement différente de celle de Crisse : globalement, les formes sont plus douces, même si les demoiselles avaient déjà de belles courbes là on les attend. Personnellement, je trouve ça plus agréable à lil, mais certains puristes de la série mère pourraient rechigner. Les combats sont nombreux et impressionnants, les décors toujours splendides. Le tout est rehaussé par les couleurs de Claudia Chec, un peu sombres (mais le scénario l'est aussi) mais d'une richesse dont la série mère n'a pas bénéficié il y a vingt ans de là.
J'aime, mais je doute fortement que cette série atteigne le niveau de celle qui l'a inspirée et laisse une trace aussi durable.