Les Chroniques de l'Imaginaire

Frisson de lumière (Merry Gentry - 9) - Hamilton, Laurell K.

Merry n’en peut plus de sa grossesse : les jumeaux sont trop lourds, elle ne peut plus bouger… Mais surprise : voilà que les médecins lui annoncent qu’elle n’attend pas deux mais trois bébés ! Trois enfants vers lesquels se tournent tous les yeux de Feerie, car les Sidhes sont ravis de la fécondité de la Princesse Meredith après des siècles de stérilité de leur peuple.

Il aura fallu attendre plusieurs années pour voir enfin paraître le plus récent tome de la série Merry Gentry. Force est malheureusement de constater qu’il n’est pas particulièrement prenant.
Le sexe, omniprésent dans les premiers volumes, est ici quasiment absent. Un baiser par-ci par-là, deux scènes relativement rapides de fellation (Merry est interdite de plus, suite à son accouchement) qui n’interviennent qu’après les deux premiers tiers du livre, bref c’est vraiment accessoire.
Mais alors que ça pourrait laisser de la place à de l’action, du suspense, de la magie, ce n’est pas le cas. La menace représentée par le Roi Taranis (décidé à faire de Merry son épouse, par la force s’il le faut, pour profiter de sa fécondité), latente pendant tout le roman, est expédiée en quelques pages à la fin de l’histoire. La Déesse, jusque-là généreuse avec ses dons, intervient ici surtout pour arroser régulièrement sa protégée de pétales de roses.
Ah si, on a bien droit à quelques rêves peu ordinaires, que ce soit parce que le Roi de l’Illusion s’y introduit de force ou parce que la Déesse en profite pour amener Merry à aider certains des soldats qui se sont précédemment battus pour elle.

Mais tout le reste du temps, ce sont surtout crises de nerfs post-natales (Merry est hyper-sensible et pleure pour un rien) et interrogations interminables. Certes, Merry a de nombreuses préoccupations : faut-il accepter de participer à une émission de télé-réalité pour gagner de quoi entretenir toute sa Cour ? La Reine Andais, quasiment folle, est-elle suffisamment stable pour qu’on lui permettre de faire la connaissance de ses petits-neveux ? Que faire face aux pouvoirs magiques déjà très forts et non modérés des bébés ?
Outre ces considérations interminables, l’auteure revient sans arrêt sur les mêmes points. Les personnages sont décrits en détail (physique et vêtements) à la moindre occasion. Au début, on se dit que ces répétitions sont là pour que le lecteur se remette en mémoire le contenu des tomes précédents, mais il n’y a pas que ça. Je ne compte plus le nombre de fois où on apprend que Merry aime tous ses amants (et est aimée d’eux) mais préfère Doyle et Frost, que ces deux-là s’aiment également entre eux, que Merry aime le sexe violent, que Galen est devenu plus dur dans son désir d’être un père capable de protéger ses enfants… A la longue, cette redondance est vraiment lassante.

Par contre, bon point, l’auteure a cette fois réussi à limiter le nombre de personnages principaux. Seuls les pères de ses enfants sont encore au centre de la scène, les autres personnages qui gravitent autour d’elle sont plus en retrait. Et c’est tant mieux, parce que la Cour de Merry grandit démesurément, tant les gens la rejoignent dans l’espoir d’avoir enfin des enfants. D'ailleurs, elle-même prend de la distance par rapport à tous ces arrivants, qui ne sont pas là parce qu’ils l’aiment ou la respectent mais parce qu’ils attendent quelque chose d’elle.
A noter que si d’habiles pirouettes ont souvent permis aux proches de Merry de se tirer de situations mortelles, cette fois l’auteure ne prend pas de gant pour éliminer dramatiquement un des personnages principaux qui était aux côtés de Merry depuis le tout début. Je ne vous en dis pas plus pour vous laisser la surprise, mais snif, c’était mon personnage préféré !

Cette lecture a le mérite de nous replonger dans l’univers intéressant de la série, mais traîne trop en longueur pour qu’on y accroche vraiment. Trop de guimauve et pas assez d’action.