Au Vème siècle, la vie dans un monastère sur l'île britannique est calme et répétitive. Elle est bien moins risquée qu'à l'extérieur où les Saxons rôdent. Les novices apprennent et les moines travaillent au développement de leur communauté.
A l'annonce de la venue d'un représentant de Rome, les religieux s'agitent. Germain, évêque d'Auxerre, l'envoyé du pape, a reçu pour mission d'enquêter sur la possibilité que des moines suivent toujours l'ancienne foi et que des druides aient investi le monastère pour saper la bonne parole chrétienne de l'intérieur. Germain va trouver les preuves qu'il cherche. Un novice a dérobé des manuscrits de la section interdite de la bibliothèque.
Erin est le premier tome de Stonehenge, une énième nouvelle série mystico-celtique publiée par Soleil. Elle possède toutefois quelques avantages solides sur la concurrence.
Les premières choses qui sautent aux yeux lorsqu'on ouvre cette bande dessinée sont sa singularité et sa qualité graphique. Pinson est un illustrateur de formation et Erin est son premier album. Son travail de mise en images et de colorisation est remarquable. La peinture à l'huile des cases apporte une ambiance pesante. La vie des personnages est dure, les pierres sont froides et les nuages chargés annoncent les prochaines pluies. De plus, le dessinateur a su intégrer ses acteurs dans ses décors et les faire vivre. Les premiers se fondent dans les seconds naturellement. L'ensemble est cohérent et fluide, d'autant que les ombrages et autres effets de lumière sont tout aussi bien maîtrisés que le reste.
Néanmoins, cette technique souffre d'une certaine lourdeur visuelle qui peut paraître indigeste pour le lecteur. Je vous concède que cela a été ma première impression en ouvrant Erin et que j'ai reporté ma lecture à un moment où mes yeux étaient prêts à suivre ces images.
L'histoire de Corbeyran mélange anciennes légendes, volontés guerrières et religions et ne tombe pas dans la facilité fantastique. Cet aspect n'est que suggéré dans ce premier opus. Au fil des planches, le récit prend lentement et on le termine en voulant connaître la suite. Le rythme est monacal et se marie bien avec l'atmosphère générale de la BD. Corbeyran connaît son affaire et rend les personnages mystérieux et intéressants. Il les fait converger vers un même objectif en surprenant le lecteur. C'est efficace et divertissant.
Erin est, donc, une introduction réussie. Les dessins de Pinson sont superbes, ses cieux sont des merveilles, et le scénario de Corbeyran fonctionne bien. Il éveille en moi un intérêt pour une nouvelle série, qui n'était pas gagné d'avance.