On pourrait penser que les choses avancent dans le bon sens pour Abel Weiss lorsque, à son réveil à l'hôpital, les médecins lui déclinent sa véritable identité. Un vrai soulagement pour un homme qui a refait surface sept années après que tous le croyaient mort. Mais les choses ne sont pas si simples : dans sa fugue pour retrouver son identité, un policier, le collègue de Sue, a été gravement blessé, et tout accuse Abel dans cette affaire ; l'homme est activement recherché.
Mais Sue parvient peu à peu à comprendre cet homme, qui dit finalement vrai en prétendant avoir refait surface sept ans après un grave accident. Des analyses médicales ont mis en évidence la présence de substances anesthésiantes dans son organisme, en grande quantité : Abel Weiss a fait l'objet d'expériences inimaginables, et Koontz, un ancien policier qui est la personne qui a réellement blessé le collègue de Sue, n'est pas étranger à ces expériences totalement interdites...
C'est vers Luthan, un ancien médecin, que Sue va porter son attention. L'homme va lui parler des progrès en terme d'anesthésie, et d'un docteur indien appelé Kadisha : l'homme est issu du Penjab, un endroit particulièrement pauvre de l'Inde, et il s'est mis en tête de lutter contre la mort, ou en tout cas de percer ses mystères. Depuis, le petit garçon a bien grandi, et c'est à la tête d'un véritable réseau de médecins qu'il se trouve maintenant. Des médecins dont le serment d'Hippocrate est bien lointain...
Enfin ! Cela fait presque sept années que le premier tome de la série Le syndrome d'Abel est sorti. A l'époque, c'est avec plaisir que l'on retrouvait le duo composé de Xavier Dorison au scénario et de Richard Marazano au dessin, celui-ci ayant scénarisé des séries comme Le Complexe du Chimpanzé ou encore Genetiks. Ce premier tome laissait pour autant un goût d'inachevé, au niveau des dessins qui n'étaient pas à la hauteur des autres séries citées et de la griffe de Jean-Michel Ponzio. Un défaut qui est corrigé ici, et de quelle manière, sept ans après, et ce dans les deux derniers tomes qui sortent de façon concomitante.
On retrouve ici un récit d'anticipation, qui ne parle plus de fantastique comme on pouvait le penser dans le premier tome, mais qui met l'accent sur les complots médicaux, les expériences cachées et inavouables qui font se poser des questions : si vous aviez le pouvoir de guérir le cancer en ne tuant qu'un seul homme, le feriez vous ? Les thèmes abordés ici par Xavier Dorison sont profonds et intéressants, sur un fond de père qui a perdu sa fille dans un cancer, quelques mois avant son terrible accident. Des thèmes traités avec beaucoup d'intelligence ici par ailleurs.
Richard Marazano a donc eu le temps de parfaire ses dessins, et on retrouve une colorisation riche : graphiquement, c'est bien plus détaillé et soigné. On a là quelque chose de très proche des dessins de Jean-Michel Ponzio (Chaabi, Genetiks...). Les décors sombres collent parfaitement au récit de Dorison et les visages, particulièrement travaillés au niveau des ombres et de la lumière, bénéficient d'expressions très convaincantes.
Le personnage d'Abel gagne en profondeur et en intérêt par rapport au premier tome, et c'est avec plaisir que l'on pourra s'attaquer, immédiatement, au troisième et dernier tome d'une série qui décolle vraiment : comme quoi, parfois, il vaut mieux prendre le temps...