Les Chroniques de l'Imaginaire

Mingus - von Waberer, Keto

Papa voulait me faire prendre un cachet, un de ceux qui font dormir, mais je ne voulais pas. Alors j’ai résisté et Papa est mort. Heureusement, je ne suis pas seul. Dans une cage, j’ai trouvé une chose, mon petit frère je crois. Il est bien moins résistant que moi mais je vais prendre bien soin de lui. Très vite, je décide de partir, de m'éloigner de la maison de papa. J'emmène le petit avec moi et nous partons vers les collines. Après des jours et des jours de marche, nous y arrivons enfin et rencontrons des hommes. Ils ne semblent pas méchants mais ils nous séparent. Puis ils m'enferment, pour m'étudier ils disent. Mais je m'enfuis. Je dois retrouver mon petit frère. Et peut-être découvrir ce monde étrange et surtout qui je suis...

Mingus est un conte polyphonique étrange. Dès le départ, Keto von Waberer nous plonge dans son univers, de manière abrupte, sans préparation et sans plus d'éléments que ce que les multiples narrateurs veulent bien nous dire. En ce sens, le résumé en dévoile bien trop : il faut laisser le mystère se défaire par petites touches, au gré des voix des personnages et de leur récit.

Mingus est le personnage central, un être naïf et assez candide qui propose un regard neuf sur un monde futuriste dégénéré qui se dévoile petit à petit mais jamais dans son intégralité. On aimerait vraiment en savoir plus sur le pourquoi de cette société, sur son histoire, son passé, etc. Mais ce n'est pas le propos de ce roman. Ici, nous aurons surtout une belle histoire d'amour, un hymne à la tolérance, un regard critique sur le pouvoir et la religion.

Si le langage est simple et abordable, le lecteur pourrait se laisser décourager par la complexité résultant du nombre important de narrateurs différents, qui livrent chacun leur histoire sans jamais offrir de vue générale. Mais il est important de passer outre pour savourer ce récit aux accents de fable philosophique.

En tout cas, un roman intrigant à découvrir sans modération.