Les Chroniques de l'Imaginaire

Si j'étais un rêve... - Bousquet, Charlotte

C'est en septembre que tout a commencé. Lina a quinze ans et elle étudie au Lycée français de Sofia en Bulgarie. Son professeur de français a eu l'idée d’un projet original : faire découvrir son pays, sa culture, sa vie en correspondant par courrier postal avec des jeunes lycéens français. Si au départ l'idée de connaitre uniquement quelqu'un par le biais de ses écrits a pu lui paraître incongru, surtout à l’heure de l’ultra-connectivité offerte par les nouvelles technologies, Lina s'est finalement prise au jeu. De l'autre côté de la plume, il y a Nour, seize ans, qui habite à Saint-Denis et va au lycée dans le XVIIIème arrondissement. Une personnalité plus écorchée, une amoureuse des mots et de la langue.

Petit à petit, les deux adolescentes vont apprendre à se découvrir : le début d'une belle et profonde amitié.

Voilà un roman épistolaire bien maîtrisé et terriblement addictif. Je l'ai dévoré en une heure à peine. Au fil des échanges entre les deux jeunes filles, on se laisse prendre au jeu et à l'impatience de découvrir ce que l'autre va répondre. D'ailleurs, le titre est un rappel du jeu de portrait chinois auquel elles se livrent au fil de leur courrier.

C'est un récit sur l’amitié, l'adolescence, la quête de son identité. Au-delà de la découverte de deux personnalités, en trame de fond, on aperçoit les manifestations bulgares de 2013, contre la vie chère et la corruption, la montée de l’extrême-droite.
C'est peut-être le seul point négatif de ce court roman : les références à des personnages, œuvres, événements réels sont nombreuses mais sans explication, certaines demeurent bien obscures. Pour exemple, si je connais Melvin Burgess, je n'ai jamais entendu parler d’Insa Sané. Il aurait peut-être été judicieux de glisser des petites explications en bas de page ou au moins un rappel du contexte historique en fin d'ouvrage.

L'écriture est belle, poétique : les deux personnages centraux sont des amoureuses de la langue française et cela se ressent. Mais le tout reste fluide et abordable.

Si j'étais un rêve... est une belle découverte qui pourrait se résumer par cette citation de Jim Morrison, qui ouvre d’ailleurs le roman : « un ami, c’est celui qui vous laisse entièrement libre d’être vous-même… ».
A découvrir sans aucune réserve, dès treize ans. Je pense d'ailleurs que cette oeuvre pourrait parfaitement s'intégrer au programme de collège sur le roman épistolaire.