Les Chroniques de l'Imaginaire

La première mort (Le Prince de la Nuit - 7) - Swolfs, Yves

Nous sommes bien avant que Kergan ne devienne le terrible vampire que l'on connaît, et qui n'a de cesse de traquer la famille de Rougemont. Nous sommes à un moment où les tribus Daces font alliance pour essayer de résister aux assauts de l'Empire Romain. Un temps où le jeune Kergan est un guerrier fougueux et valeureux, peut-être un peu trop pour comprendre les rouages de la vie politique, que tente de lui inculquer son père Panaïcomes.

Après la mort de la mère de Kergan lors de l'accouchement de ce dernier, Panaïcomes a su trouver refuge en la personne d'une reine bien plus jeune, et encore séduisante. Elle ferait maintenant tout pour qu'Orlon, son propre fils, parvienne à atteindre les sphères du pouvoir à la place de Kergan. D'ailleurs, le départ de ce dernier pour faire un pacte d'amitié avec d'autres tribus Daces pourrait bien être une bonne occasion, d'autant que Zeraxés, un guerrier roux brutal, est totalement à la solde d'Orlon et de sa mère...

Alors, Kergan est fait prisonnier par les Romains, à l'aide des renseignements fournis par Zeraxés. Une situation délicate, et surtout assez longue pour que Panaïcomes oublie bien vite son fils, allant jusqu'à épouser celle qui lui était promise, la belle et jeune Lylia. Bien sûr, les sages Daces ont essayé de mettre Panaïcomes en garde, mais celui-ci est maintenant bien trop excité à l'idée de retrouver un corps bien plus jeune, bien plus excitant...

Mais Kergan survit, et parvient même à recouvrer la liberté grâce au courage d'une poignée d'hommes fidèles. Son retour au village n'était plus attendu, et Kergan perçoit vite le malaise dès son arrivée. Il sait que Zeraxés l'a trahi, au nom de sa belle-mère. Mais il ignore encore que son aimée s'est donnée la mort lors de la nuit de noces avec Panaïcomes...

Un personnage redoutable comme Kergan a forcément eu un lourd passé, pour donner un des vampires les plus connus et les plus charismatiques du monde de la bande dessinée. L'arrivée de ce septième tome du Prince de la Nuit a été pour moi une vraie surprise, un choc près de quatorze années après la sortie du tome six de la série de Yves Swolfs.
Bien entendu, il s'agit là d'une vraie belle surprise, avec le plaisir de retrouver la patte si inimitable de Swolfs. Le dessinateur prend ici du plaisir à animer un de ses personnages phares, en fouillant dans le passé de ce dernier. Les couleurs de Bérangère Marquebreucq font d'ailleurs mouche, mettant en valeur les expressions des guerriers rencontrés ici, tout en conservant l'esprit de ce qu'on pouvait voir sur les six premiers tomes colorisés par Sophie Swolfs.

Au niveau du récit, on tient là quelque chose d'efficace et de parfaitement maîtrisé, sur le fond comme sur la forme. Plonger ce personnage dans des guerres tribales avec les romains est un pari osé, mais réussi, même si l'ensemble manque peut-être juste d'un brin de folie et d'originalité pour parvenir à atteindre un véritable coup de cœur.

Un tome sept que l'on n'attendait plus, qui est franchement réussi, même s'il ne sera plus véritablement indispensable à une série que je pensais terminée, depuis tout ce temps. La surprise est d'autant plus agréable !