Les Chroniques de l'Imaginaire

L'assassin malgré lui (W.A.R.P. - 1) - Colfer, Eoin

Une chambre à coucher dans le quartier de Bedford Square à Londres en 1898 : Albert Garrick, anciennement connu sous le nom du Grand Lombardi, célèbre illusionniste qui se découvrit un goût encore plus grand pour le meurtre, attend dans le noir en compagnie de son jeune apprenti. Celui-ci, Riley, est sur le point de commettre son premier assassinat. S'il refuse, Garrick le tuera. Il n'y a pas d'autre issue : il a déjà tenté de s'enfuir à quatre reprises et, à chaque fois, son mentor l'a retrouvé.
Mais alors que Riley est tout proche de sa victime endormie, l'étrange pendentif que celle-ci porte autour du cou s'illumine et l'enveloppe dans une lueur verte. L'homme se réveille, voit son assassin et tente de parlementer. Mais Garrick est plus rapide et oblige Riley à le poignarder. C'est alors que le pendentif émet un bruit bizarre entraînant la disparition de la victime... et de Riley, emporté bien malgré lui dans une sorte de tunnel.

Même lieu, de nos jours : Chevie Savano, dix-sept ans, a dû accepter la proposition du F.B.I. et se rendre à Londres afin d'aider le W.A.R.P. (programme de relocalisation anonyme des témoins). Pourtant, lors de sa première et unique mission pour l'agence gouvernementale, on lui avait promis une place à Quantico. Et au lieu de cela, elle se retrouve dans un sous-sol sinistre à surveiller une étrange capsule métallique sous les ordres de l'agent Orange, un quinquagénaire bourru. Elle doit s'assurer que l'homme qui surgirait de la capsule reste vivant mais depuis neuf mois il ne se passe rien, au point que Chevie se demande si elle ne participe pas à une vaste blague. Mais voilà qu'un jour, l’incroyable se produit : un jeune garçon et un étrange homme-singe mort apparaissent.

Le garçon, c’est Riley, et l'homme, le père de l'agent Orange, un physicien ayant découvert un moyen de stabiliser un trou de ver et donc de voyager dans le temps. Le F.B.I. s’était intéressé à cette technologie, jusqu'à émettre l'idée de l’utiliser pour neutraliser les criminels avant leurs méfaits. Le père de l'agent Orange avait surtout vu les dérives que cela pouvait entraîner et s'était enfui, emportant tous les codes d'accès. Maintenant qu'il est de retour, il faut absolument empêcher que cette technologie ne tombe entre de mauvaises mains, comme celles de Garrick par exemple.

Eoin Colfer nous revient avec une nouvelle série. Exit les créatures fantastiques, ici, le père d’Artémis Fowl nous entraîne dans les méandres des voyages temporels en compagnie de deux héros on ne peut plus mal assortis mais attachants : une apprenti agent du F.B.I. impulsive et un jeune garçon assez timide du XIXème siècle. Le mélange produit un roman d'aventures haletant, mené à cent à l’heure au gré d'une intrigue maîtrisée, qui s'appuie sur des connaissances scientifiques certaines. Les péripéties se succèdent sans jamais laisser le lecteur souffler jusqu'au final... intriguant. Et surtout, enfin un roman sans l'ombre d'une romance entre les deux héros : j'adhère.
Certes, on pourra tiquer sur certaines facilités scénaristiques : Riley par exemple s'acclimate sans problème à son saut temporel alors que cela aurait pu donner lieu à des scènes cocasses. On peut aussi se demander comment un homme seul arrive à prendre le dessus sur des agents du F.B.I. surentraînés. Mais bon, Garrick est un super-méchant, un vrai de vrai et donc on se laisse porter. Car n'oublions pas que ce roman s'adresse à un public jeunesse à partir de douze ans et on peut lui pardonner ces facilités.

De l'action, du suspense, de l'humour, un cocktail explosif pour un premier tome rondement mené. J'attends de découvrir la suite à présent, alléchée par l'épilogue qui promet de nombreux rebondissements.