Ce livre est sorti en 1937, son auteur na pas trouvé son public et na plus jamais rien écrit hormis quelques nouvelles, qui nont pas eu plus de succès. Et pourtant, ce petit livre est une perle, un trésor que devrait posséder tout amateur de roman noir, mais sans doute le public contemporain na-til pas su voir cette pépite.
Cest un livre court et on ne peut en raconter beaucoup sans en dire trop : Bowie, T-Doub et Chicamaw sévadent du pénitencier de lOklaoma où ils purgent une peine à perpétuité pour des braquages de banques. Il séchappent grâce à une ruse, traitent très bien leurs otages et les relâchent le plus vite possible sans leur faire de mal, ils utilisent seulement leur voiture. Le trio est constitué dun blanc, dun noir et dun indien. Ils vivent dans le sud des USA et nous les suivons durant un an entre 1934 et 1935. Ils sont très attachants et humains. Nous suivons leur cavale, leurs espoirs et leurs résignations. Durant la première moitié du livre, les trois fugitifs sont au centre de laction et dans la deuxième partie, nous nous intéressons surtout à Bowie, personnage particulièrement juste, loyal et fidèle.
Il sagit dun vrai roman noir écrit à lapogée du genre, mais il ne fait pas le portrait de gangsters de grandes villes, nos héros sont des campagnards ou des citoyens de toutes petites villes du sud, ravagées par la crise économique. Anderson nous les présente sous un jour très sympathique ; certes ils braquent des banques, mais de façon non violente. Pour eux, les vrais voleurs ce sont ceux qui profitent de la misère des autres et senrichissent sur le dos des plus défavorisés. Ils ne sont pas des Robin des Bois pour autant, Chicamaw est un ivrogne égoïste et jaloux. La critique sociale est sous-jacente tout au long du livre, illuminé par le magnifique et lumineux personnage de Bowie.
Un autre thème est la manipulation par la presse, aux ordres du système et plus soucieuse dendoctriner que dinformer.
Ce livre nous emmène dans un univers disparu, plus proche de celui de Caldwell que de Hammett. Cest un petit bijou à ne surtout pas manquer. Il est vite lu, mais sûrement pas vite oublié. Le style est très agréable et on ne sy ennuie pas du tout. Quand on découvre de telles perles, on se dit que le polar contemporain américain a beaucoup perdu en qualité, surtout si on pense à certains succès de librairie actuels.