Après l'exceptionnel numéro précédent, j'ai trouvé difficile de revenir à la normalité d'un numéro "standard" de la revue, même si celui-ci est aussi intéressant et varié qu'à l'ordinaire. En tout cas, passée la belle couverture de Tomislav Tikulin, et l'édito signé par Jean Pettigrew en l'absence de Joël Champetier, toujours gravement malade, et à qui nous souhaitons de revenir en santé, voici le volet Fictions :
Le gardien, de Mathieu Croisetière : Aller chercher un vrai sapin pour Noël dans la propriété de son oncle est une vraie corvée pour JF. Du coup, il a invité ses potes à la partager avec lui. Aucun d'eux ne s'attendait à ce que ce soit, en plus, dangereux. Une belle atmosphère d'hiver magique pour cette nouvelle, dont j'ai trouvé la fin malheureusement un peu trop brève.
Cargo Zuang Zhi, de Bernard Henninger : Les travailleuses du sexe ne sont pas des spationautes, et de plus elles sont attendues avec la plus vive impatience par les marins et les officiers du Xing Qiu Fei Chuan. Deux bonnes raisons pour ne pas se détourner pour porter secours aux "corsaires" du Saint Exupéry en détresse. Bien sûr... mais Ngan Ha s'y résigne mal. Cette nouvelle déborde d'originalité, tant dans son thème que dans l'univers qu'elle esquisse habilement. L'une des réussites de ce numéro.
Les fleurs de Katrina, de Claude Lalumière : Katrina discerne de ceux qui l'entourent davantage que ce que perçoivent les autres, et, pour elle, c'est plus une malédiction qu'autre chose, jusqu'au jour où elle rencontre Lewis. Encore une très belle nouvelle, originale et dont le glissement vers le fantastique / horreur est parfaitement maîtrisée.
Les maisons d'éternité, de Geneviève Blouin : Les Eternels qui dorment dans les Maisons Maât ont la chance d'avoir mérité leur éternité de plaisir, soigneusement surveillés et entretenus par des gens comme Néféri. Bien sûr, les Maisons Maât existent depuis si longtemps que des accidents peuvent survenir. Le cadre dans lequel s'inscrit ce texte lui confère une touche d'originalité, et sa progression est bien dosée également.
Rainbow Creek, de Serena Gentilhomme : Il y a des oncles négligemment cruels ailleurs que dans Harry Potter. Par exemple dans cette belle nouvelle courte, entre atmosphère victorienne et fantasy.
Les olives de Mélanie, de Dave Côté : Vynce est prêt à tout pour se procurer ce plaisir sans égal : des olives ! Après l'atmosphère plombante des derniers textes, ce texte apporte une bouchée d'humour très bienvenue, et cela n'enlève rien à la qualité de sa progression, ni à la réalité de l'univers qu'il esquisse.
Dans Les carnets du Futurible, intitulés cette fois Réalité et fiction du Sphinx blanc, ou La cartographie réelle du pays des Elois et des Morlocks, Mario Tessier se penche sur l'origine tout à fait situable dans le temps et l'espace de la géographie que met en place HG Wells dans sa Machine à remonter le temps. Comme d'habitude, son article documenté est un plaisir à lire.
Les rubriques de critiques cinématographiques - Sci-néma, de Christian Sauvé - et littéraires fourmillent de pistes à suivre et à éviter, et clôturent en beauté ce numéro bien intéressant.