Gabriel est soldat et se retrouve à Verdun. Là, il voit tous les hommes autour de lui mourir dans la guerre qui fait rage. Mais au moment où lui-même doit succomber, la Mort apparaît et lui propose de devenir un non-mort. Il vivra dans ce même corps des années, ne vieillissant pas, mais souffrant de toutes les blessures qu'il subira. Gabriel est jeune, il n'a que dix-sept ans et surtout, il refuse de mourir ici, certain qu'il n'a pas encore assez vécu pour perdre la vie si soudainement.
Cent ans ont passé et Gabriel est de retour à Paris après avoir vécu dans plusieurs pays pour cacher sa nouvelle nature. Il a décidé de reprendre les cours pour se faire passer pour un adolescent comme les autres et surtout pour se créer une véritable cour d'élèves qui seront très vite presque à sa botte. Mais c'était sans compter sur Cassandra, cette jeune fille d'apparence banale qui pourtant lui cause beaucoup de souffrance via un simple regard.
J'étais très intriguée par ce roman. Non seulement le titre m'avait interpellé, mais en plus la couverture a un je ne sais quoi d'hypnotique. Il n'en fallut pas plus pour le poser sur ma table de chevet et le dévorer. Même si j'ai passé un très bon moment, j'ai regretté le côté déjà-vu de ce roman pour les adolescents.
Gabriel est un personnage agréable et énigmatique. Il a besoin de l'attention des autres, mais en même temps il refuse tout sentiment parce que cela pourrait le détruire. Il se montre parfois adorable, parfois odieux et on a la sensation qu'il est bipolaire. Il utilise l'argent comme appât pour avoir le respect des autres et c'est le trait de son caractère qui m'a le plus déçu. Lui qui a vécu cent-dix-sept ans devrait avoir mûri et ne pas se comporter ainsi, et pourtant il n'hésite pas à acheter l'amitié des autres sans pour autant les apprécier. Ils ne seront que des pions dans sa nouvelle vie, jusqu'à ce qu'il disparaisse, sa nature l'y obligeant, au risque de dévoiler ce qu'il est vraiment. Sa nature est troublante. L'auteur nous propose une autre version du mort vivant, sans le côté sanglant et mangeur de chair. Gabriel possède encore un cur qui fonctionne, il n'a besoin de rien d'autre que de l'admiration pour se nourrir psychologiquement. Cependant, j'ai été déçue par la tournure de sa relation avec Cassandra, c'était bien trop prévisible. Pourquoi tous les héros centenaires de youg adult tombent amoureux de gamines de dix-sept ans ou moins ? C'est à n'y rien comprendre !
Parlons justement de cette jeune fille qui semble être la seule à avoir un cerveau. Elle va très vite se rendre compte que Gabriel ne la supporte pas et qu'il cache un lourd secret. Elle ne pourra s'empêcher de fouiner et si dans un premier temps elle est sceptique face à certaines révélations, elle finit par y croire et à succomber aux charmes du non-mort. Leur relation ne m'a pas transportée. C'était prévisible dès qu'il la voit, donc forcément on s'y attend et on assiste à une thématique très présente en littérature YA : un nouvel élève qui perturbe une jeune fille et forcément, malgré de lourds secrets, le couple voit le jour. Alors oui, cela peut agacer, mais Arthur Ténor ne s'arrête pas à cette thématique et à cet aspect-là dans son roman. Il propose davantage un roman fantastique sous fond de thriller avec des meurtres qui vont perturber le tranquille quotidien de nos héros, même si là aussi, l'identité du tueur est hélas trop prévisible.
Parce que oui, soudain, la bimbo du lycée est retrouvée assassinée et forcément, Gabriel devient le principal suspect. Mais sa nature de centenaire va lui permettre d'utiliser ses connaissances pour se disculper ou non. Parce qu'on reste dans le flou pendant toute la moitié du roman quant à savoir si oui ou non le côté obscur de Gabriel l'a transformé en assassin. J'avais très vite compris où l'auteur allait nous amener, mais j'ai quand même passé un bon moment.
En bref, malgré quelques petits soucis de prévisibilité, j'ai trouvé ce roman très sympathique à lire. J'ai aimé le style de l'auteur et la nature qu'il donne à son héros, même si j'aurais aimé que Gabriel n'agisse pas toujours en adolescent de dix-sept ans, alors qu'il en a cent de plus.