Les Chroniques de l'Imaginaire

Spin (Spin - 1) - Wilson, Robert Charles

La mère de Tyler Dupree est la gouvernante de la Grande Maison où vivent les jumeaux Lawton, Jason et Diane. Comme de juste, les trois enfants sont inséparables, et ils sont ensemble la nuit où les étoiles disparaissent. Cet événement incompréhensible définira leur vie par la suite : Jason n'aura de cesse d'en connaître les causes, en génie en herbe qu'il est déjà, Diane s'interrogera sur sa possible signification religieuse, et Tyler... ne peut imaginer une vie sans les jumeaux.

Les savants se rendent compte assez rapidement qu'une membrane a été placée autour de la Terre, bloquant celle-ci dans une sorte de "poche temporelle", cependant que l'univers autour d'elle continue de vivre sa vie. De ce fait, la mort dangereuse du Soleil, prévue dans quatre milliards d'années, se retrouve proche, engendrant différentes réactions de panique parmi ceux qui connaissent la vérité, et des prédications d'Apocalypse. Diane semble trouver sa voie parmi les croyants du Nouveau Royaume, ou du moins y rencontre-t-elle son futur époux.

Les conclusions que Jason tire de la situation temporelle de la Terre sont différentes : son père, qui a des appuis politiques importants, et lui, mettent sur pied une gigantesque entreprise visant à faire naître, et à développer, la vie sur Mars de façon à la rendre habitable pour l'humanité.

Outre l'idée de départ, fascinante en soi, le roman de Wilson a de multiples qualités : sa construction sans défaut, avec ses aller-retour présent-passé bien amenés, son aspect de vulgarisation magnifiquement science-fictif, et ses personnages ambigus aux relations complexes, notamment les liens entre les Lawton et les Dupree, ou bien sûr ceux de Jason et son père.

Il n'est pas pour autant exempt de travers, à commencer par son américano-centrisme, assez habituel à l'auteur, comme à la plupart de ses confrères états-uniens, mais qui n'en est pas moins légèrement agaçant. La vie "normale" n'y est pas non plus vraiment rendue, étant donné que l'action se déroule exclusivement dans les hautes sphères de la politique et de la science. C'était sans doute inévitable, mais il n'en reste pas moins que cela lui enlève un peu d'humanité, si j'ose dire.

Ce ne sont là pour autant que de légers bémols, et il n'est pas étonnant que ce roman passionnant ait reçu le prix Hugo en 2006 et le Grand Prix de l'Imaginaire en 2008.