Les Chroniques de l'Imaginaire

Corky - Oates, Joyce Carol

Corky est un homme d'affaires d'origine irlandaise, bien implanté dans sa ville, Union City, qu'il habite depuis toujours. Il évolue dans les milieux des affaires, de la politique, dans la bonne société, bref, dans le haut du panier.
Divorcé, sans enfant, il a une maîtresse, une secrétaire, des amis, une ex-femme, des concurrents... tout ce microcosme tourne autour et avec lui.

L'auteure s'attache particulièrement à une période de trois journées marquant sa vie. Pendant ces trois jours, il va se fâcher pour la première fois avec sa maîtresse, puis se réconcilier avec elle, il va s'inquiéter pour sa belle-fille qui a disparu, il va visiter la morgue après avoir appris le suicide d'une de ses connaissances, il va participer à une grande réunion politique et va surtout connaitre bien des déboires.
Chaque journée fait l'objet de très (très) nombreux chapitres, très (très) détaillés, d'où l'importance du volume du livre.
En phrases longues, très longues, avec des apartés entre parenthèses longs, très longs, l'auteure nous emmène dans un méli-mélo de détails qui peuvent donner le tournis mais qui donnent aussi de l'épaisseur à l'histoire. De tout petits détails insignifiants de prime abord font toute la différence quelques chapitres plus loin.
Mais, avouons-le, parfois, cette accumulation d'informations, de détails, de détails appelant une autre histoire, qui rappelle une autre histoire qui..., peut lasser. Je n'étais même pas encore à la moitié du livre (soit quand même déjà 400 pages !) que déjà je n'en pouvais plus et me demandais comment j'allais pouvoir finir ce roman.

Lorsque Corky rend une visite à quelqu'un, quelle que soit la personne, l'auteure décrit minutieusement le décor, l'architecture, l'ambiance, l'odeur. Soit. Mais un détail insignifiant fait remonter des souvenirs, et hop, on se retrouve avec trois ou quatre pages sur les détails de cette réminiscence, puis dans ces souvenirs, d'autres peuvent enchaîner sur autre chose, et au final, entre le moment où le personnage est sorti de sa voiture, et a franchi la porte, il s'est déjà passé au minimum dix pages.
Ce procédé devient parfois lassant et on n'en voit plus la fin.
L'écriture est heureusement très agréable à lire, maîtrisée, rythmée. Toutefois, l'abus de mots grossiers et de détails scatologiques en tout genre (et sans aucun intérêt) peut choquer, énerver, lasser.

Comme souvent, la seconde moitié du roman est plus intéressante, car enfin l'action s'emballe et les événements s’enchaînent. Si on a réussi à tenir jusque-là, la lecture peut devenir attrayante car c'est également un bon témoignage de l'Amérique des années 90.