Kôsei Arima a un véritable don pour la musique. Certes, celui-ci a été cultivé par sa mère - grande pianiste à la carrière ratée - depuis sa très peu tendre enfance... mais son oreille est exceptionnelle, et très jeune, il a gagné de prestigieux concours nationaux sur son piano. Pourtant, ses amis Tsubaki et Ryôta ne comprennent pas pourquoi il a tout arrêté trois ans plus tôt... lors du décès de sa mère. Quelque chose s'est brisé en lui, et s'il continue à travailler des partitions, ce n'est que dans l'unique but de se faire un peu d'argent de poche.
Pourtant, alors qu'il attendait ses amis dans le parc, il est surpris d'apprécier un air de mélodica joué par une étrange fille qui lui donne alors l'impression que le monde n'est plus seulement en noir et blanc. Or... il se trouve que cette fille, Kaori, est l'amie de Tsubaki, et qu'elle en pince pour Ryôta. C'était justement avec elle qu'ils avaient rendez-vous ! Très vite, pour une raison un peu triviale, les deux jeunes gens se chamaillent... mais l'heure n'est plus aux discussions : Kaori a un rendez-vous important où elle entraîne - de force - Kôsei avec la complicité de Tsubaki. De force... car cette jeune fille énergique n'est autre qu'une très bonne musicienne, violoniste pour être précis... et qu'elle participe à un concours cet après-midi.
Si Ryôta s'endort à chaque passage de concurrents, la prestation de sa copine pourtant le captive... tout comme l'ensemble de la salle. Et pourtant, son interprétation n'est vraiment pas conventionnelle ! Kôsei se sent comme.. troublé par cette version qui lui démontre que la vision qu'il a de la musique est très loin d'être universelle.
Une histoire d'amour dans un shônen n'est pas chose banale. Encore moins dans un climat plutôt dramatique. En effet, le personnage principal ne nous dévoile sa vie que morceau par morceau, alors que le synopsis nous en dit un peu trop déjà. Passons donc au delà des habitudes du genre pour s'intéresser au fond : comment les enfants vivent-ils leurs activités ? Certains sont forcés, et deviennent de grands champions (prenez par exemple André Agassi au tennis). Mais d'autres ont cette passion par eux-même et ne peuvent vivre qu'à travers elle. Pour sa première uvre, Naoshi Arakawa (un nom de famille ma foi bien connu dans le milieu du manga) développe ses personnages en finesse et confronte ces visions des choses. L'humour est là pour rehausser en douceur l'action, sans trop en faire, juste bien dosé.
Cela nous donne un agréable moment de lecture, et aussi un moment de réflexion pour nous, adultes, qui rêvons de voir nos enfants réussir. Faut-il les pousser ? Beaucoup ? Un peu ? Pas du tout ? Moi-même je me pose souvent la question sur le bon dosage à donner. Car sans passion, la vie est un peu terne, mais celle-ci ne doit pas prendre le pas sur tout le reste. Je suivrai donc les réflexions de Kôsei avec la plus grande attention.
Ah, j'allais oublier : Coup de chapeau aux éditions Ki-oon qui introduisent le multimédia dans cette parution. En effet, certains morceaux dont l'histoire parle se voient accompagnés de liens Internet, et même d'un QR code pour vous permettre d'écouter immédiatement luvre classique dont il s'agit. Une excellente façon de découvrir et d'apprécier l'histoire de cet art.