Les Chroniques de l'Imaginaire

Les fantômes du Mont-Bleu (Rahan, fils des âges farouches) - Lécureux, Jean-François & Chéret, André

Guidé par son couteau d'ivoire, Rahan retrouve le chemin des terres qui l'ont vu naître, au pied du Mont-Bleu, le volcan qui a ravagé son village et sa famille. Ses cicatrices et sa farouche volonté de liberté, Rahan les doit à cette terrible montagne.
La vallée de son enfance est en train de mourir. Les inventions qu'il a laissées dans les tribus où il a été accueilli ont été copiées par le chef d'un clan qui a réduit en esclavage les hommes de la région - le progrès pour asservir la nature et le travailleur.

Rahan est un héros qui sort du passé. Un récit d'aventures préhistoriques dont les premières planches sont parues en 1969. Hormis les cheveux grisonnant, le dessinateur, Chéret, n'a pas changé et l'écriture reste dans la famille Lécureux avec le fils à la plume. Ce nouvel album, étrangement sans numéro, doit relancer la série, en contentant les anciens lecteurs et en charmant la nouvelle génération.

L'aventurier aux cheveux de feu est un visionnaire humaniste, il veut apporter les bienfaits du développement aux gens qu'il rencontre. Rahan ne correspond donc pas du tout au héros auquel je m'attendais : un brutal guerrier qui prend l'apéro dans des crânes en compagnie de Conan après un bras de fer contre Kull. On est loin d'un pulp excitant et explosif.
Le scénario de Lécureux est simple, il place Rahan face à un chef qui détourne ses inventions et il enrobe le tout d'une morale bienveillante et écologiste. Le résultat sonne vieillot et à côté de la plaque en 2015. J'ai eu du mal à apprécier un récit qui me laisse une impression brouillonne et floue. L'écriture des dialogues en petit-nègre ne me botte pas d'avantage.

Du côté des éléments visuels, Chéret n'est pas en grande forme non plus. Bien que le dessin soit, en règle générale, passable, les étranges positions des corps et les effets de perspective plus ou moins absents ne m'ont pas plu. Pareillement, la rigidité de l'ensemble, le manque flagrant de détail des décors et des personnages dès qu'ils ne sont plus en gros plan, le manque de relief et la fadeur des couleurs ne présentent pas le retour à l'aventure de Rahan sous son meilleur jour.

Bref, j'espère que les auteurs rectifieront le tir au prochain opus, je n'avais plus dû faire autant d'efforts pour finir une BD depuis longtemps.