Nous sommes en Pologne, à Varsovie exactement, en 1992. Quelques potes ont envie de s'amuser, et ont la possibilité d'organiser des petites soirées dans une espèce de maison pour la jeunesse. Les affaires ne sont guère brillantes, d'autant que tout ce que la bande de Waldek peut vendre se résume à quelques beignets et à du Coca... La foule ne se bouscule pas au portillon, jusqu'à la venue d'un certain Jurek Owsiak, célèbre journaliste de radio et de télévision polonais.
Sous l'impulsion de Jurek et de toutes ses connaissances, les soirées voient de plus en plus de monde débouler. La bière commence à circuler, d'autant que des concerts commencent à être organisés. Bientôt, Waldek et ses potes commencent à avoir de l'expérience dans l'organisation de ce genre d'événements, et ce jusqu'au coup d'arrêt : il va falloir maintenant aller ailleurs. Or, le cinéma local est sur le point de fermer, et Waldek parvient à négocier une location, durant le mois de janvier 1992. Une location qui leur permettra l'organisation de vingt et un concerts, pas moins. Le Fugazi Club est né...
Cet endroit, très connu de la jeunesse de Varsovie d'alors, notamment tout ce que la ville compte de punk et d'amateurs de rock et de hardcore, voit défiler un nombre croissant et impressionnant de groupes. Certains se produisent pour la première fois en Pologne, au Fugazi. On raconte d'ailleurs qu'un groupe comme Greenday s'y est produit... Peu à peu, le succès aidant, c'est la drogue et la mafia locale qui s'installe, et qui prend peu à peu la main sur les organisateurs d'origine. Bientôt, Waldek doit penser à virer ses potes de toujours pour pouvoir continuer...
Marcin Podolec, jeune dessinateur polonais très prometteur, voit là sa première bande dessinée publiée dans notre pays, chez Gallimard. On y assiste à l'ascension et l'apogée d'un club qui a vu bien des formations se produire, sur fond de trafic de drogue, de mafia, de baston entre punks et skinheads... Le Fugazi Club, qui n'existe plus aujourd'hui, a eu une vraie histoire, émaillée par les dissensions autour d'intérêts locaux.
Ce club a vu se produire d'excellents groupes, dont Paradise Lost, qui a vécu là une de ses pires soirées, à cause de fumigènes qui avaient été largués dans le public, par pure vengeance locale... Un incident qui a nui à l'image de la Pologne à l'époque, suite aux interviews de Nick Holmes et de ses acolytes.
Au niveau du dessin, on tient là un graphisme simple, d'une grande lisibilité, parfaitement adapté à cette histoire. Les faits sont réels et sont racontés de façon humoristique mais sérieuse, dans un esprit tout à fait intelligent.
Une bande dessinée intéressante qui permet d'avoir une vision de la Pologne des années 90, sous un angle bien différent de ce qu'on peut être amené à découvrir par ailleurs. Le sujet ne sera sans doute pas intéressant pour les foules, mais sera tout de même bien intéressant pour ceux que l'histoire de ce pays, et celle du rock'n'roll, intéressent ! Ce sera aussi l'occasion de découvrir un auteur de grand talent, issu du même pays qu'un certain Grzegorz Rosinski...