Les Chroniques de l'Imaginaire

Belém suivi de Moscow - Augusto, Edyr

A Belém, immense ville du nord-est brésilien, la chaleur étouffe les habitants et attise leurs colères, leurs rancoeurs, leur agressivité, leurs ignobles secrets. L'inspecteur Gil Castro arrive dans l'appart' d'un coiffeur de la jet-set locale. Il est encore chaud, poudre dans les narines et voisins envieux sur le seuil. Le Johnny, c'était une tante qui baisait l'un ou l'autre sexe sans problème. Il avait du succès, le salopard. Son vilain petit secret est sur bandes vidéo et papier glacé, planqué dans ses armoires.

A proximité de la ville, il y a l'île de Mosqueiro, surnommée Moscow par les estivants. Ses plages, ses boîtes et ses cafés sont les endroits préférés des Belenenses pour les vacances et leurs excès. Dans ce domaine, Tinho et sa bande s'y connaissent à fond. Ils agressent, volent et violent selon l'humeur du moment. Le groupe écume les plages de sable fin et les touristes. Sexe et violence dans la touffeur de l'Amazonie.

Cet ouvrage regroupe deux textes d'Augusto, Belém et Moscow. Il s'agit de deux récits noirs, salement violents et dérangeants sur bien des aspects.

Le premier, Belém, est un polar pas mal torché par l'auteur qui mélange à la fois fascination et dégoût pour la ville, ses habitants et le Brésil. C'est cru et aguicheur mais la prose d'Augusto prend bien. On est plongé dans l'horreur des comportements, des jalousies et des sombres histoires personnelles de la grande cité du Pará.
Toutefois, il faut s'accrocher tout du long de cette histoire, tant elle est cruelle et glauque. De plus, l'auteur rend son récit parfois confus en changeant de narrateur régulièrement et en ajoutant de nouveaux acteurs.

Par rapport à Belém, Moscow est un concentré de toutes les pires bassesses de la ville, voyez-le comme le journal de vacances d'une ordure. Un mélange moite, Moscow est attirante et repoussante mais sans arrêt entêtante.
Si l'extrémisme de la première histoire ne vous a pas plu, inutile d'essayer celle-ci. Les amateurs y trouveront, par contre, un ignoble condensé de noirceur et de décadence, dirigé par un personnage infect qu'Augusto rend brillamment humain par son écriture. Ce qui le rend encore plus monstrueux.

Belém suivi de Moscow n'est pas à mettre entre toutes les mains. Mais, au final, les lecteurs avertis se délecteront d'une excitante immersion dans les ténèbres d'un Brésil ultra-violent et déliquescent.