Les Chroniques de l'Imaginaire

Les deux Van Gogh - Hozumi

Quiconque s'intéresse à Vincent Van Gogh connait forcément son frère Théo, qui l'aura soutenu toute sa vie. Le seinen Les deux Van Gogh s'intéresse à la relation particulière qui les liait, une relation forte et sincère.

L'histoire commence à Paris, alors que Théo est marchand d'art pour Goupil & Cie. A cette époque, l'art est encore un domaine réservé à l'élite. Les peintres officiels ne veulent pas avoir à traiter les sujets du peuple, ni même avoir un lien quelconque avec le peuple. Mais certains peintres vivant d'amour et d'absinthe veulent bousculer les conventions et mettre l'art à la portée des passants. Théo, en tant que marchand d'art, est considéré comme un partisan de l'Académie. Mais cet anticonformiste gagnera vite la sympathie et même l'adhésion d'artistes tels que Toulouse-Lautrec, un des chantres de la peinture de la vie, avec ses scènes de nuits parisiennes.

Son frère Vincent le rejoindra par la suite. Il est une révélation pour ses confrères. Vincent ne peint pas les choses belles. Vincent voit la beauté partout alors il peint tout, en posant sa vision personnelle sur une toile. Théo l'admire et le vénère. Il aura à cœur de faire connaître la peinture de son frère.

Je disais plus haut que quiconque s'intéresse à Vincent Van Gogh connait Théo. Connait leurs vies, un minimum de leur personnalité. Et il faut bien le dire, ce seinen est très loin de ce qu'on se figure des deux frères. Tout d'abord, Théo est arrogant, très sûr de lui, malin au-delà du crédible. Il est véritablement le pilier de l'histoire. Quant à Vincent, c'est le bel idiot. Il est naïf, ne s'énerve jamais, s'émerveille de tout. La candeur en personne. Pas grand chose à voir avec l'artiste. Passons sur le cas de Toulouse-Lautrec qui n'est plus un petit homme chétif mais un jeune homme tout ce qu'il y a de plus valide.

Alors, pari perdu pour Hozumi ? Même pas. Cela demande un minimum de bonne volonté mais il suffit de rentrer dans le jeu. Si on ce se concentre sur l'intrigue décrite, avec les difficultés de Vincent Van Gogh, l'indéfectible amour fraternel de Théo, les dissidences sur le rôle de l'art et les efforts pour le démocratiser, Hozumi tient indubitablement une bonne histoire. Et il apporte d'ailleurs en fin d'ouvrage une réponse à cette candeur qu'il donne à Van Gogh.

C'est un seinen réussi, avec de beaux dessins et une intrigue travaillée. Cela n'aidera pas vraiment à connaître la vie des Van Gogh mais après tout, Hozumi admet volontiers qu'il a changé la réalité pour servir une fonction. Pourquoi ? A vous de chercher la réponse dans les pages de Les deux Van Gogh.