Nous sommes à Munich, en 1978. Manfred est ingénieur dans un centre de recherches spatial allemand. La motivation n'est pas forcément au beau fixe, surtout au regard de la vétusté des locaux. Nous ne sommes pas ici à la NASA, les budgets sont serrés et les défis intellectuels à réaliser sont nombreux. Et pour cela, Manfred va se voir proposer un challenge de taille : il va devoir se rendre au Zaïre, afin d'y superviser la construction d'une fusée, commandée par un certain Mobutu...
Dès son arrivée en Afrique, le jeune ingénieur allemand est confronté à un changement radical de mentalité. Il s'en faut d'ailleurs de peu qu'il soit immédiatement enlevé par des opposants de Mobutu. Un des soucis de Manfred réside dans le fait qu'il soit blanc, et surtout qu'on le prend pour un Belge. Nous sommes au Zaïre, et la population a encore en tête les exactions du roi Léopold et des siens...
Mais peu à peu Manfred prend ses marques, et parvient à donner des ordres cohérents qui commencent à être exécutés. L'homme ne connaît pas encore Mobutu, mais cela est sur le point de changer, lorsque l'homme en question arrive, en hélicoptère privé, en visite surprise sur le chantier. De quoi prendre un sacré coup de pression devant les coups de colère de l'homme en léopard. Un homme qui est ami avec beaucoup de monde, à commencer par un certain Valéry Giscard d'Estaing, président français d'alors...
Les éditions Futuropolis nous permettent de découvrir là, sous un angle nouveau, un homme qui a fait trembler le continent africain. C'est Aurélien Ducourdray (au récit) et Eddy Vaccaro (aux dessins) qui nous présentent là, avec des couleurs toujours sépias et du plus bel effet, un album en bichromie qui n'est pas sans rappeler le décrié Tintin au Congo, de Hergé. Ici, ce n'est pas le noir qui est naïf devant la visite du blanc des années 30, mais c'est bien tout l'inverse qui se produit !
D'ailleurs, Aurélien Ducourdray ne se gêne pas pour émailler son livre de quelques références à l'album d'Hergé, pour le plus grand plaisir des connaisseurs, bien évidemment. L'humour, d'une grande finesse, est bien présent dans cet album, que les auteurs de Championzé ont forcément pris beaucoup de plaisir à réaliser. Les dessins sont superbes, dans des tons sépias parfaitement adaptés au récit et à l'époque racontée. On ne peut que s'attacher au personnage de Manfred et se demander comment tout cela finira.
Un album qui prend, évidemment, un certain nombre de faits réels pour sa réalisation, et qui est parfaitement plaisant à parcourir. Les dialogues y sont également d'une grande richesse, mêlés dans une véritable actualité historique franchement bienvenue. A découvrir par le plus grand nombre !
