Charles Baudelaire... Difficile de ne pas penser aux célèbres Fleurs du Mal, à l'évocation de ce nom. Le poète français a une réputation sulfureuse, et son recueil de poèmes n'y est pas étranger. Initialement parue en juin 1857, luvre a eu un impact considérable à sa sortie, puisant dans des sujets pour le moins tendancieux. Pas uniquement dans le sexe, ce qui choquerait encore aujourd'hui d'ailleurs, mais également dans la mort, la religion...
Les éditions Glénat nous proposent ici de parcourir cette uvre, en étant accompagnés par les dessins d'un grand réalisme de Gaetano Liberatore, un dessinateur italien de grand talent, qui n'hésite pas à donner dans le X, franchement très à l'aise avec les corps féminins. De quoi nous rappeler un certain Milo Manara, même si le style est tout de même assez différent.
Ainsi, l'album est partagé entre un poème, et une illustration - à chaque fois pleine page - du dessinateur italien : de quoi admirer des uvres spectaculaires, souvent en noir et blanc, qui pourraient bien finir dans un cadre, sur un mur. D'autant que pour près d'un poème sur deux, l'illustration n'est pas sur une page (ce qui est déjà important, surtout au vu du grand format du livre), mais sur une double page complète, avec un système intéressant de pages à déplier.
Le lecteur ne pourra ainsi que s'extasier devant tant de talent, que ce soit narratif (ce qui n'est plus à démontrer) ou graphique. Les dessins en question touchent d'ailleurs à tous les thèmes retrouvés dans Les Fleurs du Mal. Liberatore a l'occasion de surprendre ses admirateurs, et il ne s'en prive pas, comme ce qu'on peut voir pour Une charogne, ou encore pour A celle qui est trop gaie ou Une martyre.
Aucun des dessins, aucun des poèmes de ce recueil de luxe ne laisse indifférent. Il y a là de quoi passer des heures à contempler les dessins d'une grande force, et à apprendre par cur certains vers d'un poète souvent décrié. Le livre se termine par un important carnet d'esquisses et de recherches. C'est en noir et blanc, et c'est absolument magnifique. Mention spéciale également pour L'Homme et la mer, le poème central de l'album, qui lui est illustré sur un ensemble de quatre pages colorisées, avec ce système de double pliage.
Un livre superbe, certes à ne pas mettre entre toutes les mains, mais à découvrir tout de même par un lectorat adulte averti, qui ne devrait pas en perdre une miette !