Les Chroniques de l'Imaginaire

Aucun souvenir assez solide - Damasio, Alain

Alain Damasio est un auteur de livres de science-fiction, assez rare car connu comme ayant une écriture très exigeante. On lui doit notamment La Horde du Contrevent, qui vient de faire l'objet d'une nouvelle réédition chez Folio SF. Cela est ici également le cas avec Aucun souvenir assez solide, un recueil de nouvelles également présenté avec une illustration, magnifique, de Nicolas Fructus, comme cela était d'ailleurs le cas pour La Horde du Contrevent.

Ainsi, ce sont dix nouvelles qui sont regroupées ici, et ce sont Les Hauts Parleurs qui ouvrent le bal. Nous sommes dans un futur peu ragoutant, où la quasi-totalité des mots de la langue française a été privatisée, entre plusieurs sociétés privées différentes. Désormais, la population peut encore parler comme elle le souhaite, tant que cela ne se fait pas en public... C'est un certain Spassky dont Alain Damasio nous parle dans cette nouvelle. Un homme qui a décidé de se rebeller contre ces privatisations...
Ainsi, Spassky n'a eu d'autre choix que d'inventer une nouvelle langue, sur la base des mots encore autorisés, et de différentes langues qui ont encore une partie de leur patrimoine qui est préservé. Spassky inventera une façon de parler, basée sur le mot chat. Jusqu'à ce que ce dernier soit également privatisé par une société qui vend des aliments pour chats. Spassky aura bientôt à tenir le discours de sa vie, qui restera de manière durable dans toutes les mémoires...
Cette nouvelle, excellente, n'est pas la seule digne d'intérêt dans ce recueil de nouvelles de Damasio, où on retiendra également El Levir et le livre et sa très grande poésie, ou encore So Phare Away et sa population amenée à vivre dans des phares pour échapper à la surpopulation et à la pollution...

Alain Damasio est un auteur, on le disait, exigeant avec son écriture. C'est un auteur qui adore jouer avec les mots et les expressions, comme ce qu'on pouvait d'ailleurs découvrir dans La Horde du Contrevent. Ici, force est de constater que certaines nouvelles sont vraiment difficiles à lire, voire impossibles à comprendre... C'est le cas par exemple pour Annah à travers la Harpe ou Le bruit des bagues, dont je dois reconnaître que je n'ai pas retenu grand chose.

Un recueil magnifique sur la forme en tout cas, qui donne vraiment envie surtout lorsqu'on connaît le travail d'un auteur d'une qualité immense. Pour autant, certaines de ces nouvelles ne divertiront pas, voire seront pénibles à la lecture : c'est dommage, d'autant qu'il devait sans doute y avoir un matériel adapté à un public plus large ?
Un livre à réserver aux fans inconditionnels de l'auteur, ou à des lecteurs habitués à ce genre d'imaginaire !