Nous sommes en France, durant l'été 1795. Le jeune Jean Valjean est un émondeur qui ne rechigne pas à la tâche pour gagner son salaire quotidien. Il faut dire que le garçon a des responsabilités, en vivant chez une sur dont le mari est défunt, et en devant apporter suffisamment pour nourrir sept enfants. Les temps sont durs, et Valjean est conscient que les inégalités sont encore nombreuses malgré la récente Révolution, mais il parvient pour le moment à s'en sortir, même s'il sait qu'il n'a pas droit à l'erreur.
Mais l'hiver apporte son lot de malheurs... D'abord, Valjean n'a plus de travail, et il se voit refuser une embauche partout où il se rend. Les enfants ont de plus en plus faim et froid et, un soir, Jean Valjean se laisse tenter : il vole un pain chez un boulanger, mais se fait arrêter immédiatement. La sanction est lourde et sans appel pour un homme comme lui : ce sera cinq ans d'emprisonnement, au bagne de Toulon.
En parallèle de la peine de Valjean, qui durera finalement dix-neuf ans suite à quatre tentatives d'évasion, c'est la ville de Digne qui s'apprête à accueillir son nouvel évêque, nommé Magloire. L'homme ne ressemble pas du tout aux autres évêques : il a su rester simple, se contentant de très peu de choses. Magloire est un homme bon, qui commence à échanger sa luxueuse demeure contre le pensionnaire local, bien plus petit. Par ailleurs, le père Magloire n'hésite pas à faire don de la quasi-totalité de son salaire aux plus démunis.
C'est contre toute attente que Valjean, fiché comme un homme dangereux par la couleur particulière de son passeport, va trouver refuge chez cet homme, le seul de Digne à accepter de lui offrir le logis et le couvert. Le seul à lui faire confiance...
Les Misérables... Une oeuvre magistrale de Victor Hugo, qu'il est forcément bien dangereux d'adapter en quelque format que ce soit ! J'avoue avoir été assez sceptique en voyant ce monument adapté dans un shônen, qui paraît ici chez Kurokawa. Un scepticisme, il faut le dire, qui parvient à être balayé avec la qualité de ce premier tome.
Takahiro Arai parvient à prendre son temps, et à rendre ses personnages crédibles et attachants. Ce premier tome s'attache à découvrir Jean Valjean, et ses galères au bagne de Toulon, ainsi que l'évêque Magloire, qui aura une place prépondérante dans les changements qui s'opéreront chez Jean Valjean. Point de Fantine, Cosette ou de Thénardier dans ce premier tome, et c'est là où il y a de l'intérêt.
Les dessins sont soignés, même si on aurait préféré des décors un peu plus fouillés. On reste dans un shônen, et certains effets autour de Jean Valjean plairont ou pas : le fait de le comparer à un lion est une idée comme une autre, qui m'aura personnellement laissé indifférent. A côté de cela, le récit tient vraiment la route, car il se déroule lentement, laissant le temps régulièrement à des dessins d'une belle force de raconter sans avoir forcément besoin d'user de dialogues.
Un premier tome convaincant, qui reste franchement digne d'intérêt, et dont je suis impatient, finalement, de découvrir la suite !