Les Chroniques de l'Imaginaire

Mimsy Pocket et les enfants sans nom (Magnus Million - 2) - Arrou-Vignod, Jean-Philippe

Elle est poursuivie par trois hommes, trois hommes-loups féroces et rapides. Elle les avait repérés alors qu’elle rentrait chez elle. Un sixième sens lui avait sifflé que l’homme adossé à un mur l’attendait. Elle avait fait demi-tour puis réalisé trop tard qu’elle se jetait dans la gueule du loup. Elle est à présent coincée et tente alors le tout pour le tout en se jetant du pont où elle est acculée. Plutôt la mort que d’être capturée. Et la chance lui sourit au mettant sur son chemin une vieille barque.

Mimsy Pocket s’en veut. Elle aurait dû être plus prudente. De nombreuses rumeurs courent dans la Ville Basse au sujet d’enfants disparus. Elle avait refusé de céder à la panique et continué son train-train habituel sauf qu’elle avait bien failli se faire prendre. A présent, elle espère juste que ses compagnons d’infortune sont saufs. Avec d’autres orphelins, elle vit dans les docks et malheureusement elle découvre les lieux vides et dévastés. Elle avait bien entendu une conversation des hommes-loups à propos de ceux des docks qu’ils auraient capturés mais elle voulait garder espoir. Maintenant, elle n’a plus qu’une idée en tête : retrouver ses amis ; pour cela, elle espère l’aide d’une seule personne : Magnus Million. Seulement, elle ne le trouve pas chez lui.

Et pour cause, Magnus est à bord d’un train confortable en compagnie du grand-duc Niklas, âgé de douze ans. Son oncle, le conseiller du jeune souverain, l’avait fait appeler quelques jours plus tôt pour lui confier une mission : veiller sur le grand-duc en mission diplomatique secrète auprès d’envoyés du royaume voisin d’Illyrie. Ils sont donc en route pour le monastère de Smoldno où Niklas doit signer un traité instaurant une paix durable entre les deux pays. Magnus n’arrête pas de se demander pourquoi son oncle lui a confié cette responsabilité, à lui, véritable trouillard souffrant de narcolepsie déclenchée par le stress : pas le profil idéal pour un garde du corps. Et bien évidemment, l’avenir allait bientôt conforter Magnus dans ses craintes.

C’est avec plaisir qu’on retrouve Magnus et Mimsy, les héros du roman Magnus Million et le dortoir des cauchemars, même si Jean-Philippe Arrou-Vignod l’avoue lui-même : il n’avait pas forcément l’intention d’écrire une suite à son récit. Mais il souhaitait offrir une histoire à Mimsy, son histoire, et c’est chose faite. Bien que les deux tomes puissent être lus indépendamment, il est quand même préférable de commencer par le début, histoire de comprendre toutes les allusions. On suit donc en parallèle les aventures de nos deux héros dans une contrée imaginaire qui n’est pas sans rappeler la Russie des tsars, avec des paysages enneigés et glacés, jusqu’au moment où ils vont finir par se croiser.

Ce qui ressemble à un récit angoissant, fait de disparitions mystérieuses d’enfants d’une part et de complot politique de l’autre, n’est en fait qu’un contexte pour présenter le personnage de Mimsy. La jeune fille a toujours dû se débrouiller seule, sans savoir d’où elle venait. Ici, on découvre son passé mais surtout sa véritable histoire.

Plus que jamais, les apparences sont trompeuses : on ne sait à qui se fier, qui est gentil, qui ne l’est pas. La méfiance est de mise mais les surprises nombreuses. On s’attache à suivre les pas de Mimsy à la recherche de son identité sans le savoir.

Un savant mélange d’aventures, de suspense et d’amitié à découvrir à partir de onze ans.