Les Chroniques de l'Imaginaire

Alibis (Alibis - 54)

Tout d'abord, commençons par l'édito de Jean Pettigrew, toujours très intéressant, et que j'oublie toujours de mentionner.
Après quelques mots sur l'actualité canadienne, ou mondiale (ici, un rappel des attentats de Charlie Hebdo), Pettigrew présente le contenu du numéro d'Alibis en nous alléchant habilement.

Les nouvelles sont toutes d'excellente facture.

N'en déplaise à James Bond de Geneviève Blouin
Marie est garde du corps depuis qu'elle a été dégradée de son poste de policier en tant qu'agent de terrain. Son nouveau patron est le directeur adjoint aux politiques et partenariats stratégiques du Service canadien de renseignements de sécurité.
Elle ne rêve que d'une chose : reprendre son ancien poste. Pour cela, elle décide de faire son job à fond, histoire de se faire remarquer et de marquer des points. Aussi, lorsqu'on lui demande d'assurer la sécurité de son patron lors d'une réunion bien étrange avec des personnes du monde du pétrole et des mines, elle décide de tenter sa chance.
Très bien écrite, cette nouvelle rythmée et dynamique se lit avec un réel plaisir.

Petite sirène de Yves-Daniel Crouzet
La nouvelle commence par un article de journal relatant un fait divers français : une poussette contenant des vêtements d'enfant a été retrouvée abandonnée sur une plage.
On fait ensuite connaissance avec Maelys, la petite fille de Valérie. La fillette est adorable, mais n'aime qu'une chose : prendre des bains.
Les articles de journaux poursuivant l'enquête sur la poussette mystérieuse alternent avec des tranches de vie de Valérie et sa petite fille au comportement si étrange jusqu'au dénouement final où le lecteur comprend enfin qui est vraiment Maelys.
Très finement racontée, très belle histoire. Une réussite !

Les patins de Cassandra de Jonathan Reynolds
Le narrateur, un adolescent, fait connaissance avec la nouvelle élève de la classe, Cassandra, qui a toujours des patins aux pieds. Tous deux deviennent rapidement amis et la jeune fille un peu mystérieuse avoue au jeune homme son envie de tourner un film qu'elle a déjà en tête.
A l'aide de Benoît, le meilleur ami du narrateur, ils découvrent un vieux cinéma en plein air abandonné dans lequel ils s'amusent. Mais un jour, cela va tourner au drame. La jeune fille va se révéler bien différente de ce que l'on pouvait croire.
Surprenant, rondement mené, une lecture très agréable là encore, et pittoresque également car les dialogues sont truffés d'expressions typiquement canadiennes.

Crime par compassion de Martine Latulippe
La plus courte nouvelle de ce numéro et aussi la moins attrayante.
Une voisine apprend que son voisin en apparence si gentil est en fait un pédophile pervers.
Un peu fade et sans dynamisme mais cependant toujours très bien écrite.

La balle dans le coude de Pancho Villa de Camille Bouchard
C'est l'histoire de l'attentat ayant coûté la vie au célèbre Pancho Villa, en 1923 au Mexique.
Instructif, bien que romancé, bien écrit, on ne s'en lasse pas.

Les différents articles agrémentant ce numéro permettent de découvrir la production littéraire policière du Québec avec un retour assez complet sur l'année 2014.
L'interview, que j'attends désormais avec autant d'impatience que les nouvelles, tant c'est toujours très réussi, concerne cette fois Harlan Coben, un auteur bien connu aussi en France.
Pour finir, les différentes rubriques habituelles sont toujours là, telles la cerise sur le gâteau, pour finaliser ce numéro d'Alibis.