Les Chroniques de l'Imaginaire

Comme un conte - Joyce, Graham

Nous sommes la veille de Noël et, comme chaque année depuis dix ans, Dell Martin observe le ciel dans l’espoir d’y voir apparaître un flocon. Car il a parié sur un noël blanc et si jusqu'à présent il n’a jamais récupéré sa mise, il espère que la roue va tourner. Et effectivement, alors qu’il est à table avec sa femme, les premiers flocons tombent du ciel au moment même où des coups retentissent à la porte d’entrée. C’est une jeune femme qui affirme être Tara...

Tara a disparu voilà vingt ans sans laisser de trace. Tout le monde avait craint le pire, allant jusqu’à soupçonner son petit-ami de l’époque de l’avoir assassinée. Et voilà qu’elle réapparait, sans vouloir dire où elle était, arguant qu’on ne la croira pas. Et effectivement, quand enfin elle se décide à cracher le morceau à Peter, son frère, celui-ci ne peut y croire : elle affirme avoir été enlevée par une fée. Elle aurait vécu six mois dans son royaume, sauf qu’à son retour dans le monde réel, les mois étaient devenus des années.

Alors, folie ou réalité ?

Comme un conte est un roman troublant. Graham Joyce aime semer la confusion chez ses personnages comme chez son lecteur. A l'image des proches de Tara, on navigue entre doutes et interrogations, se demandant où se situe la vérité. Tara est-elle malade ? A-t-elle réellement vécu ce qu’elle raconte ? On pense parfois tenir la réponse et puis cette certitude vole en éclats. Même la narration, qui passe du style direct à indirect et change de narrateur au gré des chapitres, ajoute au trouble.
Tout le roman est axé sur cette recherche du vrai. Mais il présente aussi les séquelles vécues par la famille suite à la disparition, le poids des secrets, les non-dits. D’ailleurs, on se rend compte assez vite qu’il ne se passe pas grand-chose en dehors de l’étude des personnages.

Entre fable et roman psychologique, Comme un conte peut dérouter : on navigue entre deux eaux, ne sachant plus quoi et qui croire. Si j’ai été accroché par l’intrigue, l’ennui a fini par pointer le bout de son nez lorsque j’ai réalisé que l’auteur était plus dans l’analyse que l’action, suggérant plus qu’il n’énonce. A réserver aux amateurs du genre.