Les Chroniques de l'Imaginaire

Les étoiles s'en balancent - Whale, Laurent

Dans un futur proche où la civilisation s'est effondrée, les états ont disparu, remplacés par des villes fortifiées autonomes ; la pénurie règne - que ce soit pour l'alimentation ou l'énergie - et tous luttent survivre. A Pontault, Tom Costa s'en tire plutôt bien. Son statut d'unique pilote des environs lui permet de bénéficier du seul engin volant disponible, un vieil ULM. Un engin vétuste pour lequel le carburant est rationné, mais qui lui permet cependant des escapades jusqu'à Melun, où il peut faire un peu de troc pour améliorer l'ordinaire et rencontrer sa belle, San.

Mais voilà que la situation empire encore. Les réfugiés affluent, puis arrivent les rumeurs d'une armée venue du Nord et décimant les villes sans que celles-ci puissent résister... Que vont pouvoir faire une poignée d'hommes bien intentionnés pour sauver leurs villes ?

Si le post-apo est à la mode et commence à me lasser tant il est actuellement décliné à toutes les sauces, celui que nous a concocté Laurent Whale a su me séduire. L'univers décrit fait froid dans le dos, comme de juste : des cités où règne la loi du plus fort, des campagnes où il ne vaut mieux pas s'aventurer sous peine de se voir attaqué à mort par les Hors-Murs, des bidouilles en tous genres pour grappiller la moindre miette de nourriture ou d'énergie... De petites citations disséminées régulièrement en entête de chapitre suggèrent habilement la manière dont on en est arrivé là, au gré des attentats politiques et des faillites d'états. L'intrigue est concentrée en périphérie parisienne, mais le reste du monde est à l'avenant, visiblement.

Le récit est fait à le première personne par Tom Costa. On découvre les événements par son regard, pestant et rageant en même temps que lui. C'est un idéaliste, un homme d'honneur qui n'abandonne pas ceux qu'il aime et qui comptent sur lui. Peut-être un poil trop fait d'un seul bloc d'ailleurs, à l'image des autres personnages, nombreux et hauts en couleurs mais également très caricaturaux.

Mais qu'importe : le lecteur se laisse emporter par un récit au rythme trépidant, où l'action s'enchaîne sans répit et où les têtes brûlées ont leur heure de gloire. Les retournements de situation sont souvent abracadabrants et peu crédibles, mais on n'en reste pas moins pendu à sa lecture pour savoir ce qu'il adviendra dans les pages suivantes... C'est bourré de bons sentiments, mais dans un contexte pareil ça fait toujours du bien de voir le triomphe des gentils sur les méchants !

Le style ne fait pas dans le très recherché mais bien dans le direct. Tom Costa est un homme brut et nous livre ses réflexions telles qu'elles sont. C'est fluide et facile à lire, nous plongeant vraiment dans l'ambiance.

Soulignons aussi une très belle illustration de couverture signée Frédéric Le Martelot. Cela n'influe aucunement sur la qualité intrinsèque du roman, mais c'est toujours agréable !

Visiblement, il existe une suite, intitulée Les damnés de l'asphalte. Il n'y a plus qu'à espérer que Folio ait la bonne idée de l'éditer également, pour nous faire passer à nouveau un bon moment de lecture...