Les Chroniques de l'Imaginaire

Afterworlds - Westerfeld, Scott

Il aura suffi d’un email à l’agence littéraire Underbridge pour que Darcy Patel, dix-huit ans, décroche un contrat pour son roman Afterworlds, écrit en trente jours.

On y rencontre Lizzie, dont la vie va se retrouver bouleversée. Tout commence dans un aéroport où la jeune fille attend son changement d’avion, tout en dialoguant par SMS avec sa mère. Subitement, l’enfer se déchaine : quatre hommes armés de mitraillettes arrosent la foule, bien décidés à ne laisser aucun survivant. Lizzie réussit à joindre les secours qui lui conseillent de faire la morte en espérant échapper au massacre.
Et voilà que Lizzie se sent basculer et s’éveille dans un endroit étrange. Elle y croise une fillette, Yami, qui lui annonce qu’elle n’est pas morte, contrairement à ce qu’elle pense, mais qu’elle a quand même rejoint l’au-delà. Cela arrive parfois et les vivants capables de franchir le voile qui sépare les deux mondes sont appelés des psychopompes et chargés d’aider les morts. Lizzie rencontre alors Yamaraj, le frère de Yami, un psychopompe comme elle. Et dès lors, plus rien ne sera comme avant…

Et c’est la même chose pour Darcy. Elle a décidé de mette ses études entre parenthèses pour se consacrer à la réécriture de son roman et aussi à l’écriture du second comme c’est précisé dans son contrat. Pour cela, elle décide de quitter le cocon familial et de s’envoler pour New-York où elle va se confronter à la vie de jeune auteur.

Darcy et Lizzie, deux jeunes femmes dont la vie va radicalement changer en quelques instants et qui vont apprendre à grandir et à s’adapter à leur nouveau statut.

J’avoue avoir été intriguée par l’accroche de la première de couverture de ce roman : « l’une l’écrit, l’autre le vit ». Scott Westerfeld nous livre deux histoires en une. Nous suivons ainsi les premiers pas dans le monde de l’édition d’un jeune auteur, Darcy : les affres de l’écriture, de la réécriture, la promotion mais également le passage de l’enfance à l’âge adulte, la vie seule, la découverte de l’amour. Mais nous nous attachons également aux pas de Lizzie, l’héroïne du roman de Darcy, dont nous découvrons l’histoire.
J’avoue que je m’attendais à une surprise, à ce que les deux univers finissent par s’imbriquer, à une révélation finale et bien il n’en est rien. Certes, les deux mondes ont Darcy comme point commun, puisqu’elle est l’auteur de l’histoire de Lizzie, mais c’est tout.

Les deux récits s’alternent chapitre après chapitre et à aucun moment les deux mondes ne se télescopent. On passe ainsi sans transition du monde réel de Darcy au monde imaginaire de Lizzie. L’une comme l’autre vont être confrontées à un univers nouveau, devoir s’adapter, faire des choix, assumer ceux-ci, rencontrer l’amour et grandir.

Si j’ai vraiment aimé découvrir la vie d’un jeune auteur, je suis plus dubitative sur l’intrigue des psychopompes que j’ai trouvé assez décousue. Le récit s’annonçait prometteur mais il n’a pas tenu ses promesses : il manque de substance, de cohérence et même la romance parait cousue de fil blanc. Inversement, les affres de la vie d’écrivain sur le point d’être publié sont passionnants et bien rendus.

Mais finalement, je retrouve dans ce roman les mêmes défauts que dans toutes les œuvres de Scott Westerfeld : une idée de départ passionnante, un démarrage accrocheur mais un récit qui traîne en longueur. Et puis, pourquoi ce choix de deux histoires distinctes en une ? Personnellement, la vie de Darcy m’aurait amplement suffi.

Un avis en demi-teinte pour un roman double. La partie sur le monde de l’édition est passionnante à mes yeux tandis que le récit fantastique manque de substance. Et surtout, je peine à trouver le pourquoi de ces deux histoires en parallèle dont le risque est de voir le lecteur s’attacher à l’une plutôt qu’à l’autre et sauter des chapitres entiers.