Les Chroniques de l'Imaginaire

L'étrange vie de Nobody Owens (L'étrange vie de Nobody Owens - 1) - Gaiman, Neil & Russell, Philip Craig

L'histoire commence de façon dramatique. Un tueur dans une maison, avec un couteau effilé ensanglanté dans la main... Le tueur en question, appelé le Jack, a déjà égorgé les parents de la maison, et également une petite fille. Le tout, sans le moindre bruit. A présent, le voilà qui se dirige vers la chambre du petit garçon, pour n'y trouver qu'un nounours dans le lit. Le petit garçon en question a senti la menace, et il est sorti, la tétine encore en bouche, se dirigeant vers le cimetière de la ville...

Le Jack sent son odeur, et se dirige lui aussi vers le cimetière. Mais le petit garçon vient d'être recueilli, non par d'autres personnes éplorées de le voir là la nuit, mais par un couple de fantômes, les Owens, qui le prennent sous son aile. D'ailleurs, c'est l'esprit de la mère fraîchement décédée qui les a implorés de faire ce geste. Ce garçon s'appelle Personne : à présent, ce sera donc Nobody Owens, et son diminutif sera Bod.

On pourrait se demander qui aurait besoin d'un diminutif pour appeler un jeune enfant dans un immense cimetière. Eh bien, les âmes qui reposent là sont légion, et le jeune garçon, adopté par les morts, aura bien des personnes avec qui échanger, à commencer par Silas, immense vampire qui a tout du Dracula de Bram Stoker, qui le prend sous son aile. Silas apportera à manger à l'enfant, et s'occupera de son éducation, avec les nombreux défunts, pour la plupart anciens instituteurs, qui ne manqueront pas de parfaire ses savoirs.

Mais un cimetière, cela n'est pas sans secrets et sans dangers. Notamment, une des tombes est celle de goules. Des créatures étranges, qui ne sont pas forcément très effrayantes au premier abord... Pourtant, Bod sera à deux doigts de se faire emporter par des créatures qui prennent d'étranges sobriquets, qui ne sont pas sans rappeler de célèbres personnages historiques. Et puis, il y a aussi cette mystérieuse vouivre qui appelle de temps à autres...

C'est à Neil Gaiman que l'on doit le roman duquel est adapté ce comic book qui est édité par Delcourt. Les dessins, eux, sont principalement signés par Phil Craig Russel, avec d'autres dessinateurs comme Tony Harris, Scott Hampton ou encore Galen Showman. Les premières planches pourront ainsi laisser penser que nous sommes dans un thriller, mais il n'en est rien !

On suit avec beaucoup d'intérêt ce personnage de Nobody Owens, qui grandit, au demeurant fort bien, au milieu de nombreux fantômes et d'un vampire, Silas, pour le moins inquiétant, et pour le coup aux origines encore bien mystérieuses à l'issue de ce premier tome. Bod aura en tout cas l'occasion de rencontrer d'autres êtres humains, notamment cette petite fille qui partagera nombre de ses péripéties, à l'intérieur de telle ou telle crypte, avant que ses parents ne déménagent définitivement...
Ce jeune homme parvient à être équilibré, sous les soins d'êtres morts qui l'ont pris sous son aile. L'humour est d'ailleurs bien utilisé ici, laissant une planche de salut devant des événements loin d'être drôles au départ : un bel équilibre mis en avant par les auteurs.

Côté graphique, on reste dans le plus pur style des comic-books : les dessins sont plutôt simplistes, et ce quel que soit le dessinateur, laissant la place à une grande lisibilité, parfaitement bienvenue dans ces différentes histoires. Les couleurs sont intéressantes, bien souvent sombres, parfaitement en adéquation avec les lieux visités, particulièrement ce cimetière qui serait presque un personnage à part entière.

Ce premier tome de L'étrange vie de Nobody Owens est une belle réussite. Une surprise que l'on n'attendait pas forcément. Un livre à découvrir, pour tous les amateurs de science-fiction et de films d'horreur à l'humour un peu décalé !