Je suis Toubib. Comme mes prédécesseurs depuis quatre cent ans, je consigne les actes de la dernière compagnie franche de Kathovar, la Compagnie Noire, qui est une troupe de mercenaires crainte dans toutes les terres du Sud. Nous étions au service du Syndic de la cité précieuse de Beryl quand les événements prirent une mauvaise tournure pour notre employeur. Il allait être défait par une armée commandée par un être aussi mystérieux que terrifiant. Alors, pour éviter la destruction de la Compagnie, le capitaine a pris la décision de changer d'employeur malgré notre code d'honneur nous imposant de respecter nos contrats. Ce que nous ne savions pas, c'est que nous venions d'être engagés par Volesprit, l'un des dix Asservis de la Dame en guerre pour se bâtir un empire sur les terres du Nord.
Renforcé d'un nouveau compagnon, Corbeau, la Compagnie a fait route vers le territoire du Forsberg afin d'aider un autre Asservi, le Boiteux, à combattre les rebelles. Rapidement, la cité de Donne a été prise. Pendant que la Compagnie tenait la position, Corbeau a eu maille à partir avec un des colonels du Boiteux dans la cité voisine d'Aviron. Un petit détachement est parti lui porter secours avec Transformeur et Volesprit, deux Asservis venus nous prêter main forte afin de se venger du Boiteux.
Ensuite, la Compagnie est partie défendre la forteresse de Meystrikt pendant lhiver. Profitant de la trêve hivernale, un petit groupe aidé de nos sorciers s'est rendu à Roseraie pour se débarrasser de Fureteur, le général rebelle contrôlant la province. Durant la longue traque qui s'ensuivit, j'en ai profité pour questionner Volesprit sur la Dame, qui occupe de plus en plus mon esprit. Dame que je rencontrai quelque temps plus tard, pour mon malheur, suite à la capture de Murmure, l'un des généraux rebelles.
La campagne reprend au printemps. Malgré plusieurs victoires sur les rebelles, ils se font de plus en plus pressants et bien plus nombreux que nous. C'est pourquoi la Compagnie est obligée de se replier. Alors même que les troupes rebelles sont sur le point de nous anéantir, nous échappons à la destruction grâce aux Asservis venus en renfort. Nous retrouvons les autres forces de l'empire de la Dame au pied de son immense tour. Prêts à en découdre, mais face à deux cent cinquante mille rebelles, une dernière bataille va s'engager sous les auspices d'une comète, signe de la défaite de la Dame...
Sans aucune explication, Glen Cook nous plonge au cur de la Compagnie Noire, au sein d'un contrat déjà en cours. Toubib y consigne ce qu'il se passe dans un style éloigné de l'Académie Française et ses compagnons d'armes ont régulièrement un vocabulaire très fleuri. Bien souvent, il utilise du vieux vocabulaire, décrit peu les situations et les personnes qui dialoguent. C'est ensuite, en poursuivant la lecture que l'on comprend mieux ce qui se passe exactement.
Quoique en cohérence avec le style de narration souhaité par l'auteur, la lecture des Annales n'en est pas facilitée et on se prend souvent à vouloir revenir aux pages précédentes. Cela peut rebuter certains lecteurs, mais l'effort de lecture en vaut la chandelle car les actions qui jalonnent les aventures de Toubib et de la Compagnies en sont particulièrement prenantes. Elles sont dailleurs souvent dénuées du sens de bien ou de mal. La Compagnie exécute son contrat pour son commanditaire, sans trop d'états dâme.
C'est d'ailleurs ce qui éloigne ce récit d'autres auteurs de fantasy comme Tolkien. Ça et le fait que contrairement à ce que l'on pourrait penser après les premières pages, on découvre plus des actions commandos menées par des petits détachements de la Compagnie Noire que des grandes batailles épiques. Cet univers fantasy est d'ailleurs très proche de notre propre Moyen-âge, avec très peu dêtres fantastiques, mais la prédominance et la puissance de la magie influent généralement sur l'issue des combats.
Autre particularité, ce premier tome de l'intégrale de Les Annales de la Compagnie Noire est un assemblage des trois ouvrages du cycle des Livres du Nord. On a dans les mains un livre particulièrement épais de mille cent treize pages, avec un style pour le deuxième et le troisième livre bien différent du premier. Les protagonistes étant séparés, on suit leurs progressions avec des petits chapitres qui passent en alternance dun groupe à l'autre. Cela rend le récit beaucoup plus dynamique et on se délecte d'avoir les informations sur un groupe alors que l'autre est dans l'ignorance. De ce fait, les pages passent très très vite pour le plus grand plaisir du lecteur.