Les Chroniques de l'Imaginaire

Plus-values sur la mort (I.R.$. - 15) - Desberg, Stephen & Vrancken, Bernard & Koller, Daniel

Depuis la mort de Gloria et les événements du sud-est asiatique, Larry est perturbé. Hargneux, déprimé, il tente de se rapprocher des personnes qui l'aiment mais cherche un nouveau paradis. Ses connaissances et son réseau feraient de lui un cador dans le privé, à l'image de ces politiques et des hauts-gradés, sans éthique, travaillant pour des contractants de la Défense ou pour ces boîtes de sécurité qui se partagent les points chauds du globe et s'enrichissement outrageusement. Larry Max est attiré et dégoûté. Le paladin blanc de l'I.R.S. lance son noir ange déchu sur les traces d'un marchand d'armes.

Desberg l'avait annoncé, Larry allait s'écarter de sa voie fiscale pour se lancer dans une chasse plus personnelle. Sa carapace se fendille et il apparaît à la fois plus fragile et plus dangereux. Il sort des procédures balisées de son administration qui a du mal à tenir son super-agent. Max va travailler cette affaire à son manière et avec l'aide d'une vieille connaissance au petit nez mutin.
Desberg est bien inspiré pour ce scénario. Son histoire fonctionne, embarque le lecteur dans un thriller prenant à l'ambiance plus sombre qu'à l'accoutumée. C'est intéressant de voir Larry douter et se lâcher. Seul le raccord entre l'introduction et l'arrivée dans le récit de Larry m'a laissé perplexe, il semble manquer un élément liant pour expliquer la présence du héros dans ces circonstances.

Au niveau graphique, le compère Vrancken, aidé de Koller qu'on a vu dans I.R.$. Team par exemple, fait toujours des merveilles. C'est réaliste, c'est beau, fluide et dynamique. Le dessin correspond parfaitement au texte de Desberg. L'un et l'autre se mettent en évidence, c'est une qualité plaisante. Toutefois, à l'instar du scénario, les premières planches sont en-deçà du reste de l'album.
Ensuite, si j'ai fait la moue en lisant que Coquelicot - son coup de pinceau est exceptionnel - avait été remplacée aux couleurs par Mikl, celui-ci s'en sort avec les honneurs. Les ombrages et les dégradés ne sont pas encore aussi réussis que ceux de son prédécesseur mais il est en bonne voie. Vous noterez, d'ailleurs, que le style visuel de ce double épisode diffère des derniers diptyques, c'est une habitude chez ces auteurs, dans le sens où il est moins photoréaliste.

En conclusion, Plus-values sur la mort est un opus correct d'I.R.$. qui nous présente Larry Max sous son aspect le moins souriant.