Gavin Guile est un homme important. Il est même l'homme le plus important des sept satrapies. Il est le Prisme, luxseigneur tout puissant, capable de décomposer toutes les couleurs sans risquer de briser le halo et de devenir fou. Il est le garant de l'équilibre des couleurs et ne peut que difficilement sortir seul de la Chromerie. Il y arrive pourtant et, apprenant par une missive un peu mystérieuse qu'il a un fils, il accompagne la belle Karris dans sa mission. C'est presque par hasard qu'ils arriveront tous deux en pleine destruction de la ville de Rekton. Le roi Garradul, autoproclamé, a choisi de faire un exemple et a supprimé tous les habitants du petit bourg. Tous sauf un, Kip, qui a vu ce jour émerger ses pouvoirs de créateur, et tente coûte que coûte de survivre et de sauver son ami Sanson. Et Kip n'est pas n'importe quel créateur. Il est celui pour lequel le Seigneur Prisme a entrepris ce voyage.
Ce genre de roman est probablement le plus difficile à chroniquer. Il y a tellement de choses à en dire et quelques fois si peu d'explications à donner.
Comment expliquer que, dès les premières lignes, la magie fonctionne et le voyage commence ? Comment expliquer cet attachement quasi immédiat au jeune Kip ? Je ne saurais pas vraiment le dire au fond.
Alors oui, bien sûr, et en prenant un peu de recul, on pourra parler d'une ambiance générale extrêmement solide et d'un monde posé avec beaucoup de talent. Pas de longues descriptions ennuyeuses, les choses viennent au fur et à mesure, par touches. Dans des moments un peu incongrus parfois certes, mais cela n'entrave jamais le plaisir de la lecture. L'univers imaginé par l'auteur est extrêmement riche et original. Le principe de la magie par la décomposition des couleurs est assez unique en son genre, et les limites imposées aux magiciens sont aussi plutôt inhabituelles.
Pourtant, ce n'est pas là que réside la plus grande réussite de Brent Weeks. Les personnages sont justes parfaits. Leur personnalité est bien souvent d'une grande subtilité. Ils sont étonnamment humains pour des habitants des sept satrapies. J'ai aimé retrouver des expressions de notre quotidien tout au long de l'ouvrage (même si ce ne sont pas les plus châtiées !). Cela donne presque un coté réel à toute cette histoire. Un petit coup de cur pour Kip bien sûr, l'ado grassouillet qui fera tout pour être à la hauteur de ce qu'il pense devoir à son père, et qui a un humour un peu grinçant parfaitement délicieux.
Le rythme ? Comment dire... ça n'arrête jamais ! Des premières lignes à la fin de l'ouvrage, il n'y a pas de répit. La scène de combat finale est dantesque et mériterait certainement une bonne adaptation cinématographique. Le seul hic ? Il se termine, tout simplement. La porte ouverte est énorme et j'avoue avoir hâte de m'y engouffrer et de découvrir la suite des aventures de nos héros.