Les Chroniques de l'Imaginaire

Le train de la réalité et les morts du Général - Wagner, Roland C.

C'est par hasard que l'on a trouvé la mitraillette. Elle ne devait pas être là depuis bien longtemps parce que sinon les squatteurs habituels l'auraient déjà récupérée. Elle était là, toute prête à l'emploi, avec ses rubans de munitions. Il fallait bien que l'on en fasse quelque chose. C'est comme ça que je me suis retrouvé derrière la mitraillette, à l'arrière du fourgon, à faire feu sur LE Général. Il est mort comme ça... Parce que l'on s'ennuyait.

Nous nous trouvons ici devant un recueil de nouvelles, toutes reprenant le principe de l'uchronie telle que déjà utilisée dans Rêves de gloire. Tout le paradoxe de ce livre est de s'appuyer presque intégralement sur son grand frère, tout en gardant une certaine autonomie.

Vous pouvez parfaitement lire Le train de la réalité et les morts du Général sans avoir lu Rêves de gloire. La compréhension n'est ni conditionnée par la lecture précédente, ni grevée d'un quelconque désintérêt. Parallèlement, cela apporte un éclairage nouveau à Rêves de gloire, surtout si comme moi, vous avez pu concevoir quelques frustrations sur certains passages, trop courts, trop esquissés. Pour tous ceux qui ont aimé le premier, vous ne pourrez qu'adhérer à celui ci. Pour ceux qui ont pu avoir quelques réserves, retentez le coup ici, à mon sens, tout y est plus simple.

Plus simple d'abord, car il s'agit bien de nouvelles, s'organisant autour d'un même thème mais parfaitement indépendantes les unes des autres. On y retrouve donc tout le talent de plume de l'auteur, et le rythme de son écriture est toujours aussi entraînant. On évitera par contre les sauts dans le temps et dans l'espace qui avaient perturbé mon début de lecture.

Plus simple ensuite car les histoires sont courtes et développent des points assez précis. On peut facilement choisir son ordre de lecture. Les personnages sont très marqués, et en quelques pages on parvient assez facilement à s'en faire un sentiment, bien qu'ils restent parfois dans un certain anonymat (on ne connait pas le nom de tous, et l'on ne comprend parfois de qui il pouvait bien s'agir qu'à la fin de la nouvelle). Mais ces personnages hauts en couleurs portent parfaitement bien leur récit. L'exemple du petit libraire marseillais illustre parfaitement ceci.

J'avoue un petit coup de cœur pour ce qui semble servir de fil rouge à l’œuvre, soit le récit de la mort du Général, décliné en différentes réalités. Des petites histoires très courtes et vraiment bien mises en place.

Par contre, j'ai trouvé les récits où l'auteur simule par son écriture un accent particulier pas des plus lisibles. Mais encore une fois, la lecture reste agréable.

Enfin, restent le mordant et l'humour de l'auteur, le style et le côté provoquant, bien plus poussé ici que dans Rêves de gloire. Savoureux.