C'est l'effervescence dans les journaux télévisés ! Et pour cause : Papadouh Yéyé, un Béninois connu comme étant le doyen de l'Humanité, vient de décéder à un peu plus de 149 ans. Désormais, ce sont les Finlandais qui sont très fiers d'héberger la nouvelle doyenne de l'Humanité, une dame qui, comme activité quotidienne, fait de la pêche ! Au Havre, on suit cette actualité de loin, car un petit nombre de personnes connaît une vérité toute autre...
Et dans ce petit quartier de la ville portuaire, l'effervescence est également de mise, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons. Un groupe de personnes s'organise, observant à la fois le port et ses immenses bateaux qui arrivent, et également la maison voisine, où une nouvelle famille est en train de s'installer. D'abord, en provenance du large, une étrange créature fait son apparition. Matelot, c'est son nom, parvient jusqu'à ce quartier de Saint Adresse, où on l'attend pour fêter son anniversaire !
Et il faut croire que Matelot n'est pas tout jeune. L'être faisait déjà partie des poissons qui ont quitté l'océan, à l'époque, pour gagner la terre ferme. A présent, un nouveau choc des cultures attend le personnage, avec la rencontre de Sonia, la fille unique du couple qui s'installe à côté, en provenance de Paris. Une fille qui est une adolescente, qui commence à apprécier les discussions avec quelqu'un qui cite Molière au petit déjeuner !
Car Matelot le dit lui-même : il en a, des amis, notamment parmi les défunts... Ce qui est d'ailleurs important pour lui, c'est de s'occuper des bols, nombreux, qu'il a, avec le nom de chacun d'eux. Des bols qui l'aident à passer le temps, à se remémorer toutes ces rencontres...
Alain Kokor nous fait vivre là une bien jolie rencontre entre une créature plusieurs fois millénaire, bien loin du doyen de l'Humanité, et une adolescente ordinaire qui parviendra à s'adoucir au fur et à mesure de ses rencontres. Le tout se passe au Havre, ville admirablement dépeinte avec le très joli graphisme d'Alain Kokor, parfaitement mis en valeur sur le papier si particulier que l'on retrouve dans nombre de productions chez Futuropolis.
C'est beau, travaillé, et plein de poésie, parfaitement en lien avec le récit dont il est question ici. Une véritable réflexion sur notre société, teintée d'un humour qui n'hésite pas à nous épingler. Des rencontres entre les plus jeunes et les plus vieux sont souvent l'occasion d'épanouir les uns comme les autres, et c'est de cela qu'il est question dans ce livre.
Une bien belle découverte, dans la droite lignée des autres livres de cet auteur !
