Les Chroniques de l'Imaginaire

La sorcière de Prince Island - Kulper, Kendall

Prince Island, petite île au large des côtes du Massachusetts, s’est développée autour de la chasse à la baleine. Sur ce lopin de terre, il y a aussi la lignée des Roe : sorcières de mère en fille, craintes et respectées par tous, surtout des pêcheurs qui viennent chercher protection et bonne fortune. Depuis la première de la lignée, il n’y a jamais eu qu’une seule sorcière en activité.

Nous sommes en 1860 et Avery est destinée à succéder à sa grand-mère, sa mère ayant choisi de tourner le dos à son héritage. Depuis l’âge de six ans, la fillette assiste son aïeule, jusqu’au jour où enfin elle prendra sa place. Mais l’année de ses douze ans, tout est remis en cause : sa mère réapparait pour l’emmener loin de sa grand-mère, refusant qu’elle devienne la prochaine sorcière de l’île. Non, elle rêve pour sa fille d’une vie respectable, souhaitant la transformer en épouse douce et obéissante. Avery, elle, veut devenir sorcière, c’est sa destinée.

Pendant quatre années, elle tente de s’enfuir sans y parvenir, retenue par un sortilège. Mais un beau jour, voilà qu’elle fait un rêve étrange : elle se voit baleine succombant sous les harpons des pêcheurs. Elle qui connait le langage des rêves se met en trembler : elle va mourir assassinée… à moins qu’elle ne trouve le moyen d'échapper à son destin.

Kendall Kulper nous plonge à la fin du XIXème siècle, alors que l’industrie de la baleine amorce son déclin. Le décor est planté dans une petite île de pêcheurs, percluse de traditions et de croyances. Là règne une lignée bien particulière de sorcières, avec ses codes et coutumes : une approche originale à mon goût, qui change de ce que j’ai pu lire auparavant. L’auteur réussit à poser une ambiance, savant équilibre entre fantastique et réalisme. Elle nous propose aussi une réflexion sur la destinée, l’amour et le sacrifice.

Maintenant, s’il y a de bonnes idées, si le décor est parfaitement mis en scène, l’intrigue se trouve noyée dans un récit longuet qui peine à trouver son rythme. Pendant trop longtemps, on tourne en rond avec Avery, à la recherche du déclencheur de ses pouvoirs. Certes, les révélations finissent par arriver mais trop tard à mon goût.
Quant aux personnages, impossible de les trouver attachants, tant leur revirement de caractère sont subis. Bien sûr, en poursuivant la lecture, on découvre pourquoi, que les apparences sont trompeuses et l’amour bien caché. Mais il n’empêche que le tout laisse un goût désagréable et une sensation d'agacement.

Je retiendrai la peinture d’une époque avec une touche de fantastique bien dosée mais aussi un récit qui manque de rythme et de rebondissements malgré un final plutôt réussi.