Eileen, dite Rose, est la seule enfant du comte de Greer, qui a fui l'Angleterre alors qu'elle n'était qu'un nouveau-né. Laissant son héritage et ses terres aux mains de son frère, Edmund a préféré recommencer de zéro en France. Des années se sont écoulées et Rose est devenue une belle jeune femme, seulement, têtue, elle refuse de se marier sans amour. Lorsque son père lui demande d'épouser le Vicomte de Chaumontel, Rose élabore un plan avec son amie Charlotte pour empêcher le mariage. Lors d'un bal où ils sont tous invités, Rose ne peut s'empêcher de succomber au charme envoûtant d'un tout autre homme, le comte Artus de Janlys, un homme ténébreux et très riche. Mais le comte cache plus d'un secret et Rose n'a peut-être pas envie de les découvrir...
Au vu des nombreuses éloges qu'a la série sur la toile, j'avais un petit à priori. Alors forcément, il me fallait me faire mon avis, et je dois bien avouer que le roman est terriblement addictif et très bien construit. La plume de Céline Landressie est sublime, faisant de cette lecture un moment doux et très agréable. Moi qui ne suis pas très bit-lit, puisque bien souvent le schéma est le même, je dois bien avouer que je suis conquise et que j'ai bien envie de lire la suite !
Dès le départ, j'ai aimé cette ambiance un peu feutrée. On découvre une héroïne qui n'a pas sa langue dans sa poche, mais qui sait se tenir comme le veut son rang. Elle refuse de se marier comme le veut la coutume à cette époque et chaque fois elle va parvenir à changer la donne, contrariant sa mère qui ne semble pas vraiment l'aimer comme une mère devrait aimer son enfant. A sa décharge, je trouve que lady Mary subit énormément et ce, dès le prologue. Du coup, je n'ai pas pu lui en vouloir de son comportement, elle est fragile et instable psychologiquement au point de rejeter sa propre fille et de ne penser plus qu'à son confort financier. Rose pourtant semble beaucoup la haïr et je peux aussi la comprendre, mais j'aurais apprécié qu'elle éprouve plus de compassion pour celle qui a tout perdu après s'être enfuie en France avec son époux.
L'ambiance de Rose morte est ensorcelante. Au départ, on ne se doute pas un seul instant de la tournure des événements. On découvre simplement nos héros, le contexte assez troublant de ces gens qui se font assassiner, mais rien de plus. Le fantastique met du temps avant d'intervenir et ça, j'ai adoré. Cela m'a laissé le temps d'apprivoiser les principaux protagonistes de ce tome. Je craignais d'ailleurs bon nombre de clichés, mais l'auteur parvient à les éviter pour nous proposer un roman sur les vampires, loin de ce qu'on trouve actuellement. D'ailleurs le mot vampire n'est jamais dit tout haut, l'auteur lui préférant d'anciennes appellations. Rose m'a séduite immédiatement, mais ce ne fut pas le cas d'Artus, au contraire. J'avoue avoir eu beaucoup de difficultés avec ce personnage, lui préférant et de loin Adelphe, le jeune frère. Plus accessible peut-être ou simplement plus humain ? Telle est la question !
Je disais donc, que dès le début, on est immergé dans l'ambiance du XVIème siècle. Toutes ces tenues magnifiques, les bals, les mariages arrangés avec une dot plus ou moins conséquente, selon les parents de la fille à marier. Alors forcément, je me demandais comment le fantastique allait parvenir à mettre son grain de sel dans l'univers. Et l'auteur le fait intervenir en douceur, sans qu'on ne s'y attende, puisque passé un certain nombre de pages, on se dit que non, point de vampire à l'horizon. Et puis, j'ai commencé à lire ce roman comme une romance historique, la jeune femme qui commence à se languir de revoir ce beau comte qui a su faire chavirer son cur et son esprit. Les détails de cette époque sont nombreux et du coup on n'en apprécie que davantage la lecture. En fait, il faut un drame pour que le fantastique se présente enfin. Un passage difficile, émouvant et qui va un peu détruire notre si belle héroïne.
Et là interviennent Artus et son frère Adelphe. Tous deux liés par le sang puisqu'ils sont frères, mais pourtant si différents. L'un est secret, énigmatique et très puissant, utilisant parfois les gens comme bon lui semble pour parvenir à ses fins. Adelphe est plus discret, mais plus agréable. C'est le confident idéal, l'ami loyal qui est toujours là pour épauler Rose dans les moments éprouvants qu'elle va vivre, surtout lorsqu'elle se sentira en totale désillusion face à ce qu'elle espérait d'Artus. Je n'en dirais pas plus, mais quel goujat par moment ! Il est agaçant, mais en même temps, on comprend qu'il cache beaucoup de choses, c'est un peu pour se protéger et protéger la jeune femme, qui semble lui plaire !
J'avoue que lorsqu'on en apprend un peu plus sur Artus, j'ai senti venir le côté très bit-lit du roman. Il faut dire aussi que l'histoire se calme, l'action n'est plus au rendez-vous, même si elle n'était déjà pas très présente. Mais en fait, j'ai la sensation d'avoir été déçue par les révélations. Jusqu'à présent on était dans un flou total et là on découvre certaines choses auxquelles on s'attendait, mais j'ai quand même eu une petite déception. Heureusement, l'auteur ne nous laisse aucun repos et l'action repart de plus belle, nous proposant de découvrir de nouvelles créatures effrayantes et une Rose plus déterminée que jamais à connaître le fin mot de l'histoire.
En bref, malgré une légère déception sur certaines petites révélations (et le fait qu'Artus fasse trop de rétention d'informations à mon goût), je suis complètement conquise par ce premier opus. Le style est beau, travaillé et en totale adéquation avec l'ambiance et le contenu. Au départ le roman ressemble à de la soie, doux et soyeux, pour devenir aussi rugueux que du papier de verre, violent et sombre, ne laissant aucun répit à nos héros et à nous, pauvres lecteurs !