Stephen Blades s'apprête à prendre ses fonctions de 44ème Président des États-Unis. Pour le moment, il semble plutôt préoccupé par la cérémonie d'investiture, qu'il veut parfaite, comme tout nouvel accédant à la Maison Blanche. Mais dans quelques instants, ce souhait ne sera qu'une mince préoccupation... Blades et ses conseillers étaient surpris de ne pas voir Francis T. Carroll, le Président précédent, assister à cela. La seule chose laissée à Blades par son prédécesseur, c'est une lettre, sobrement intitulée Letter 44.
Mais quelle lettre ! Francis T. Carroll est un président qui a emmené son pays dans deux guerres, où l'Amérique n'avait pas vraiment besoin d'aller, selon l'opinion publique. Dans cette lettre, Carroll se défend, en invoquant un fort besoin de vétérans, de jeunes armés, et une R&D particulièrement efficace dans l'armement. Il se trouve que depuis des années, les services secrets et la NASA ont détecté une construction extraterrestre sur la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter. Une forme de vie inconnue, tranquille jusque là, mais qui ne souhaite pas être observée. Sans doute pas pour de bonnes raisons, selon Francis T. Carroll...
Les choses auraient pu en rester là, mais Blades tombe une seconde fois de sa chaise, lorsqu'il apprend l'existence du Clarke, un vaisseau qui a emporté, il y a deux ans, neuf personnes. Des scientifiques, des combattants : ce que le pays fait de mieux. La crème de la crème. Blades entre immédiatement en contact avec eux, et ne s'aperçoit pas que Charlotte Hayden, la chef de mission, est enceinte, et sur le point de bientôt accoucher. Un enfant dont elle ignore d'ailleurs qui est le père, parmi les sept hommes qui sont du voyage...
C'est dans le nouveau label comics des éditions Glénat que paraît ce premier tome de Letter 44, une histoire scénarisée par Soule (La mort de Wolverine...) et dessinée par l'espagnol Alberto Jiménez Albuquerque (Le Dieu des cendres, Elle). Eh bien, force est de constater que ce premier tome, Vitesse de libération, nous fait grandement voyager, et nous fait surtout réfléchir.
En effet, les auteurs parviennent ici à prendre leur temps, posant les bases d'une histoire complexe et captivante, qui a même bien le temps de s'offrir à nous au fil des pages. L'administration américaine est passée en revue, et on se régale tout simplement des éternels jeux politiques entre démocrates et républicains. On se croirait franchement dans la réalité à bien des égards, et cela rend la chose particulièrement prenante.
Bien entendu, une bonne dose de science-fiction vient enrichir cette lecture et, là encore, c'est réfléchi et vraiment bien adapté : les personnages à bord du Clarke sont présentés efficacement et, même si tous ne sont pas (encore) exploités, on sent qu'ils ont chacun leurs relations et leurs préférences parmi les membres du vaisseau, dans une espèce de petite société avec ses propres règles qu'ils ont réussi à monter.
Graphiquement, cela tient parfaitement la route, sans être inoubliable. Des couleurs trop présentes nous feraient presque regretter de ne pas avoir que les planches encrées, qui auraient sans doute pu mettre un peu plus en avant le dynamisme et le mouvement que le dessinateur espagnol sait mettre dans ses planches.
Un premier tome réussi, qui trouvera parfaitement sa place dans cette collection, et qui constituera une lecture de choix pour les amateurs de comics et de SF : vivement la suite, en tout cas !