Paris, la campagne des municipales bat son plein. La vidéo est publiée sur Internet. Cinq terroristes annoncent qu'autant de bombes vont exploser dans la capitale au nom d'Allah et de la revanche de l'islam sur les infidèles.
La cellule Dawa a été constituée par un Français d'origine algérienne qui a réussi. Assan Bakiri est professeur d'université et jouit d'une situation confortable. L'ascenseur social a marché pour lui. Il a travaillé pour. Il a mérité sa réussite. Alors, pourquoi diable a-t-il embrigadé cinq jeunes Français pour se faire exploser et massacrer ?
En face, un autre Français né en Algérie, un pied-noir, va mettre toutes ses forces en marche pour l'arrêter. Daniel Paoli, le patron des Renseignements généraux, lance la traque. Elle sera sanglante. Elle sera sans merci.
Dawa est le premier roman d'un jeune auteur. Malgré quelques défauts de jeunesse et une envie de trop en faire, Suaudeau réussit plutôt bien son entrée dans le monde littéraire. L'écrivain nous plonge immédiatement dans son histoire et dans les méninges de ses nombreux personnages sans prendre le temps de nous les présenter. On galère pendant plusieurs dizaines de pages pour les distinguer, d'autant que Suaudeau les appelle parfois par leur nom, par leur prénom ou leur diminutif.
Ensuite, l'atmosphère prend petit à petit et on se retrouve dans un polar français moderne à la psychologie développée. La lecture n'est plus gâchée que par les agaçantes abréviations que tout bon Français aime utiliser. Malheureusement, on n'a pas droit à une note du traducteur pour les expliquer.
Et puis, enfin, Suaudeau nous emprisonne dans son récit avec douceur et poigne. On voyage dans les rêves déchus d'une France que personne ne veut voir. La politique et ses leaders sont malhonnêtes, accrochés à leur pouvoir et prêts à tout pour y rester pour répondre au soi-disant bien commun. Le monde politique français, parisien surtout, est disséqué avec finesse et cruauté. Dans Dawa, la prostitution d'état se mélange aux désirs fragiles de ceux qui veulent changer les choses et qu'y s'écrasent, en flammes.
L'auteur s'épanche et étend son texte dans des directions qui ne m'ont pas toujours plu. L'intrigue s'englue dans une trop grande complexité. Dawa est un polar ambitieux mais il penche souvent à l'excès vers l'essai sociétal contemporain. Ce livre aurait aussi gagné en lisibilité à laisser tomber certaines longueurs et répétitions. Cela aurait, sans doute, relevé le rythme de l'histoire - on est loin de l'explosivité d'un Clancy.
Suaudeau avance lentement. Les cinq bombes vont exploser dans deux semaines. Le temps file et l'angoisse grandit, implacable.