Il sagit du premier polar équatorien traduit en français et, après cette lecture, je doute que beaucoup aient envie de visiter Quito.
Le narrateur est Arturo le médecin légiste, qui napparaît pas au début du livre. Ce dernier commence avec un spectaculaire accident mortel entre deux 4×4. Lun des deux brûle la priorité à lautre. Deux des occupants de la vieille voiture sont tués sur le coup tandis que le coupable prend la fuite au volant de son bolide flambant neuf. Linspecteur Heriberto Gonzaga est appelé pour le constat. Maria, une jeune fille de vingt ans et seule survivante, promet au policier de lépouser sil retrouve le coupable. Maria est très belle et sous le choc, linspecteur ne prend donc pas cette déclaration au sérieux, surtout que lui se trouve très laid.
Deux ans plus tard, il est appelé pour un cadavre trouvé sur la voie publique sous des cartons. Il reconnaît Maria, qui vient de se suicider après des mois de désespoir. Il lui promet de trouver le coupable. Il mène lenquête et se rend vite compte que laffaire a été étouffée afin de protéger une personnalité. Heriberto rencontre Arturo à la morgue après lautopsie de Maria et, à partir de ce moment, cest le médecin légiste qui prend en charge le récit. Le policier trouve le coupable de laccident et labat avec son arme de service.
Cest le début dun amoncellement de cadavres qui va occuper Arturo durant de nombreux jours.
Si lhistoire nest pas très surprenante dans son déroulement, la forme lest. Le style est déstructuré et assez poétique, mais dune poésie très moderne. Il y a beaucoup de descriptions, parfois assez longues, et Arturo réfléchit sans cesse au sens de la vie et de la mort. Ses discours existentiels passeraient mieux sils étaient rédigés dans un style plus fluide. Ces réflexions sont entrecoupées de scènes daction plutôt violentes.
La ville de Quito est un des personnages principaux du livre, pour ne pas dire le personnage principal. Arturo sinterroge aussi beaucoup sur le sens à donner à lidentité de la ville et les liens que les différents protagonistes entretiennent avec elle. Elle a deux faces, elle est à la fois belle, magique et située dans un environnement particulier, mais cest aussi une ville hyper violente et gangrénée par la corruption, en proie aux milices privées qui violent les lois en toute impunité.
Finalement, il sagit dun livre plutôt surprenant et je laurais sans doute beaucoup plus apprécié sil nétait pas rédigé dans une langue aussi hachée. Le côté polar aurait aussi gagné à être plus développé. Mais il faut reconnaître son originalité par rapport aux romans policiers ou thrillers auxquels on est habitué. Les fans de Brel qui ont reconnu une parole de Vieillir en seront pour leurs frais, on nest pas du tout dans cet univers-là et il sagit en loccurrence dune citation de Céline.