Grand classique de la littérature américaine, le roman Croc-Blanc fait l'objet d'une réédition chez J'ai Lu. C'est l'un des romans les plus traduits au monde qui a valu à son auteur, Jack London, une renommée internationale aux côtés de L'Appel de la forêt et du recueil de nouvelles Le fils du loup.
Croc-Blanc est un hymne à la nature sauvage. On y suit les premiers pas d'un louveteau dans un environnement hostile. Sa mère est le fruit d'un loup et d'un chien et a réussi à se faire une place de choix dans la meute. Elle-même a accepté le loup qui a su gagner sa place de mâle dominant en éliminant ses rivaux. De leur union est née une portée au sein de laquelle seul Croc-Blanc a réussi à survivre.
Vif et curieux, le louveteau apprivoise son univers, apprenant à chasser et à éviter les serres des aigles qui survolent la forêt. Il apprend la faim, le froid, la patience. Puis le contact des hommes, un tournant dans son existence. Il les voit comme des dieux, car ils ont le pouvoir sur toute chose. Ils sont capables de l'attacher, de le brimer, de donner vie aux objets inanimés (le feu, les bâtons qui volent pour le rudoyer...).
Croc-Blanc est un récit réaliste terriblement dur. Au départ, Jack London place le louveteau dans une nature sauvage où il est question de survivre. Attaquer, se défendre, reprendre des forces. C'est la loi du plus fort et la moindre erreur peut être fatale. Le lecteur lit avec crainte les aventures de Croc-Blanc, mais aussi avec émerveillement à mesure qu'il fait de nouvelles découvertes. Les descriptions de l'auteur sont extraordinaires, on se voit dans la forêt aux côtés du louveteau et nous ressentons les mêmes choses que lui grâce à la focalisation interne.
Cette empathie subsiste dans la deuxième partie du livre, lorsque le louveteau devient chien-loup auprès des hommes. Nous vivons avec lui les claques, les coups, les privations. Croc-Blanc devient une bête seule car souffre-douleur des autres chiens, qui sentent qu'il n'est pas comme lui. Il devient méchant et hargneux, car personne ne lui donne de la tendresse. Il ne connait que la cruauté et n'est qu'un animal domestique qui n'a que le droit d'obéissance.
Il est d'habitude préférable de taire le dénouement d'un livre, mais si je veux que vous lisiez Croc-Blanc, parce que c'est un chef-duvre, tout simplement, permettez-moi de révéler qu'il se termine bien. Certes, c'est une lecture éprouvante. Le récit et le parcours de ce louveteau sont pourtant si bien racontés qu'il serait dommage de passer à côté.
La biographie de Jack London en fin d'ouvrage est particulièrement intéressante et bien illustrée. Un bon point pour cette nouvelle édition que je vous recommande donc sans réserve.