Entre une prairie remplie de choux et un champ où l'on cultive les choux, une idée a jailli avant de disparaître en fumée et morceaux brûlants. Quelques années plus tard, le fils de l'inventaire maladroit sort sa règle à calcul, applique les mathématiques, la logique et la physique. L'idée prend de l'air, la vapeur la déplace. Richard Simnel vient d'inventer la première locomotive à vapeur du Disque-Monde !
La colonne de fumée de Poutrelle-de-fer, le premier moyen de locomotion mécanique des annales du Disque-Monde, atteint rapidement Ankh-Morpork et les narines de Vétérini qui voit cette nouveauté d'un mauvais oeil. Néanmoins, cette invention attire les gens, qu'ils soient humains, trolls, nains, gobelins ou autres, mâles comme femelles. Même pour le Patricien, un chemin de fer reliant les villes et villages aura beaucoup d'avantages (en plus des dividendes de la participation de la métropole à l'entreprise). Rejoindre Überwald et une certaine comtesse rapidement est l'un de ces avantages accessoires...
Ainsi, Vétérini met son meilleur fonctionnaire sur le coup. Moite von Lipwig a pour mission de développer la première société de chemin (hygiénique) d'Ankh-Morpork et des plaines de Sto. A ses côtés : un Henri Roi qui a du flair, des gobelins malins et des nains extrémistes pour le faire dérailler.
C'est avec plaisir que je retrouve un de mes personnages favoris des Annales du Disque-Monde, Lipwig et sa vision pétaradante du monde économique. Il est, pour moi, une des nouveautés les plus réussies des derniers tomes de Pratchett. L'empathie que j'ai pour lui est, sans doute, liée à ma formation en gestion et économie (pas en escroquerie, n'est-ce pas).
Mais, passé ce bon point et sa bonne compagnie (le vieux Vétérini et l'entrepreneur Roi), le train patine. Déraillé commence lentement. La chaudière doit chauffer mais on ne peut que regretter ce départ sans panache. Ensuite, l'histoire prend au fur et à mesure du développement de la société et de la pose des voies.
Malheureusement, si elle se lit bien et sans ennui, elle n'atteint pas le niveau de Timbré ou de Monnayé qui étaient plus amusants et prenants. Par chance, les retards et les jours de grève ne sont pas encore inventés !
La découverte du train est plus britannique que western et l'intrigue parallèle chez les nains rend l'ensemble plus grave et sérieux qu'à l'habitude du Disque-Monde. Cet aspect est, d'ailleurs, la suite du Jeu de nains dont on retrouve une partie des protagonistes.
A l'arrivée, Déraillé est un roman correct. Il est, toutefois, d'une classe inférieure (pas celle des trolls quand même) aux autres entreprises de Moite von Lipwig. Ce qui m'attriste, c'est qu'il s'agit du dernier tome des Annales du Disque-Monde, le chef de gare, ce vieux Terry, ayant vidé son sablier. Son dernier cadeau, à paraître en français en 2015 ou 2016, remettra en scène Tiphaine et ses petits schtroumpfs dopés.
