Nous sommes en 1854, l'année de la naissance de Sherlock Holmes, et également une période où les Anglais sont en guerre contre les Russes. Les soldats anglais blessés se comptent par centaines, notamment à l'hôpital de Scutari, sur les côtes orientales turques. Pourtant, c'est bien loin de cet enfer que commence ce récit, avec la naissance du second fils Holmes. Le père, heureux de tenir enfin le petit frère de Mycroft, ne peut qu'être dépité devant la réaction de sa femme, qui souhaite à présent partir pour la Turquie afin d'y aider les valeureux soldats anglais.
L'hôpital de Scutari... Il s'y passe des choses étranges, et c'est Miss Nightingale, aidée de l'infirmière Dumbley, qui les a remarquées. Cela fait plusieurs soldats qui se vident littéralement de leur sang sur la table d'opération, alors que leurs blessures n'étaient ni graves ni infectées. Le médecin a pu mener son enquête, et se rendre compte que tous les soldats en question étaient originaires de l'East End, un quartier de Londres à l'air vicié, entouré d'usines, dont les rejets dans l'atmosphère ont contaminé le foie des hommes...
Et le médecin en question est maintenant à la barre comme témoin pour le procès de Mademoiselle Brown, nounou ayant involontairement provoqué la mort du petit Cavendish, et qui risque la pendaison maintenant. La preuve est apportée, flagrante, que la jeune femme de l'East End est elle-même contaminée, et que c'est bien involontairement qu'elle a tué l'enfant qu'elle nourrissait, celui dont elle avait la garde.
Mais malgré cette preuve, Mademoiselle Brown sera tout de même condamnée à mort. Une décision du juge et des jurés proprement insupportable pour le médecin, qui crie au scandale alors qu'il est évacué. Le lendemain, la presse londonienne en fait ses premiers titres, et c'est tout le peuple qui se met à manifester pour la vie de Mademoiselle Brown. Une situation qui semble satisfaire un certain Mycroft Holmes...
Les trois premiers tomes de Holmes nous avaient tous fait une impression énorme. Eh bien, cela est encore et toujours le cas avec ce quatrième tome, toujours dessiné par Cecil, et scénarisé par Luc Brunschwig. On en apprend beaucoup sur la naissance de Sherlock Holmes et sur ses toutes premières relations avec son père notamment, et avec une mère absente dont on suit de façon très convaincante l'historique tout au long de ce tome. On comprend aussi pas mal de relations sur le tome précédent, notamment avec Miss Dumbley...
Plusieurs histoires et plusieurs époques se croisent dans ce tome, et le récit ne se perd absolument jamais. L'exercice est pourtant loin d'être simple, et il est mené de main de maître ici. Sans doute que la différence de colorisation, sépia dans le passé et bleuté dans le présent du récit, y est pour beaucoup. L'aspect graphique est toujours aussi maîtrisé, presque parfait encore une fois : les détails sont foisonnants, les plans sont audacieux, et l'ensemble laisse présager encore une fois des heures de recherches pour avoir autant de cohérence et de consistance.
Un nouveau tome extraordinaire, qui ne fait que confirmer tout le bien que l'on pense de cette série. Encore une fois, une des meilleures productions de l'année, à n'en pas douter.