Les aventuriers de la mer est un cycle dont les événements s'insèrent entre ceux relatés dans le premier et le second cycle de L'assasin royal. Pour autant, si on est dans le même univers, il s'agit d'une histoire qui peut être lue totalement indépendamment.
Alors que le cycle est initialement paru en version française sous la forme de neuf romans, cette intégrale reprend le découpage original : chacun des trois tomes de cette intégrale correspond à l'un des trois volumes de la trilogie originale.
Le vaisseau magique
A Terrilville, les Premiers Marchands vivent mal la suppression des privilèges que leur avait accordé l'ancêtre du gouverneur actuel, ainsi que l'arrivée des Nouveaux Marchands aux dents longues qui leur font de la concurrence en utilisant notamment des esclaves. Pour la famille Vestrit, les temps sont d'autant plus durs que le chef de famille est mourant. Pourtant, la survie de la famille semble assurée : la mort d'Ephron à bord devrait éveiller la conscience du bateau familial, la vivenef Vivavia qui fait la fierté de la famille, et celle-ci pourra continuer à naviguer sous le commandement de Kyle Havre, le gendre d'Ephron. Hélas, la perspective de devenir l'homme sur les épaules duquel repose l'avenir de la famille révèle les travers de Kyle : c'est un homme autoritaire et borné, qui ne supporte pas qu'on le contredise et qui entend mener la famille à la baguette, pour son propre bien bien sûr. Althéa, la cadette, qui espérait hériter de la Vivacia et le commander après son père, tombe de haut en apprenant que son père lègue la vivenef à sa sur Keffria, mais elle n'entend pas se laisser faire.
Si cette brève présentation peut donner à penser que le récit est centré sur la famille Vestrit, sachez que ce n'est pas le cas. Ils sont certes des personnages principaux, mais nous suivrons aussi un pirate aux ambitions démesurées, une vivenef maudite et même un groupe de serpents de mer que l'instinct pousse à entreprendre un voyage dont il ne saisit pas vraiment le but... Robin Hobb a su créer un univers riche, avec le mystère du bois-sorcier et des vivenefs, des Autres et des merveilles charriées par le fleuve du Désert des Pluies... Comme plusieurs histoires se mêlent, on a pour le moment du mal à voir où l'on va, et on est impatient de le découvrir.
Le navire aux esclaves
Les femmes de la famille Vestrit se rendent compte - trop tard - qu'elles s'étaient complètement trompé sur le compte de Kyle Havre. Hélas, le tyran est désormais aux commandes de la famille : il embarque de force son fils Hiémain à bord de la Vivacia, qu'il a décidé de consacrer au transport d'esclaves. En effet, il faut obligatoirement une personne liée à la famille par le sang sur le pont d'une vivenef, mais la relation se noue difficilement entre la vivenef nouvellement éveillée et le garçon retenu contre son gré et qui, n'ayant pas l'étoffe d'un marin, subit les brimades de l'équipage. De son côté, Althéa a pris en main sa destinée et s'est engagée sur un bateau sous un déguisement masculin, histoire de prouver qu'elle est un vrai marin...
Le récit suit son cours et les personnages sembourbent dans des situations de plus en plus pénibles. Pour autant, ils sapitoient bien moins sur leur sort que FitzChevalerie dans l'autre cycle majeur de l'auteure, et sont donc d'autant plus intéressants à suivre. On n'échappe pas à quelques longueurs, mais la multiplicité des personnages et des situations fait qu'on ne s'ennuie jamais longtemps.
La conquête de la liberté
Loin en mer, Althéa apprend ce qu'est réellement le métier de marin, avec sa rudesse et ses dangers, tandis que de son côté Hiémain est bien résolu à tout faire pour quitter le navire et retrouver son existence de futur prêtre. Mais à Terrilville, un autre malheur s'apprête à s'abattre sur la famille Vestrit : Malta, forte du soutien de son père Kyle qui passe tous les caprices de sa fille préférée, se considère désormais comme une vraie femme et s'amuse à aguicher les hommes, au désespoir de sa mère et sa grand-mère qui estiment qu'elle n'est pas prête. L'inconsciente ne pense qu'à s'amuser et profiter de la vie, sans sinquiéter des conséquences, qu'elle est trop jeune pour appréhender mais qui pourraient bien être dramatiques !
Les ennuis n'en finissent plus pour la famille Vestrit, et c'est dans ces occasions que chacun / chacune révèle son vrai caractère. On a envie de passer par dessus bord l'odieux Kyle, d'enfermer sa fille Malta à double tour et de secouer un peu le trop naïf Hiémain... On vibre pour tous ces personnages et on n'a qu'une envie : découvrir comment la situation va bien pouvoir évoluer.
Le cycle de Les aventuriers de la mer est vraiment plaisant. Il n'échappe pas aux longueurs et auto-apitoiements répétitifs qui avaient pu lasser les lecteurs dans L'assassin royal, mais c'est moins prononcé, noyé dans une trame d'action et de rebondissements dense et prenante qui fait qu'on dévore les pages sans s'en rendre compte. Un cycle de fantasy à découvrir ou redécouvrir, à l'occasion de la sortie de cette intégrale.